Au moins 26 personnes ont été tuées lors de l'attaque jihadiste au coeur de Ouagadougou, a affirmé samedi 16 janvier à l'AFP le ministre burkinabè de la Communication Rémi Dandjinou à l'issue d'un conseil des ministres, en soulignant qu'il s'agissait d'un bilan "provisoire". Les forces de sécurité burkinabè ont achevé samedi leurs opérations contre les assaillants, 12 heures après le début de l'attaque.
Un deuil national de 72 heures sera observé à partir de dimanche, en hommage aux victimes de cette attaque terroriste qui a visé un hôtel et un restaurant du centre de la capitale du Burkina Faso de vendredi soir à samedi matin, a indiqué le ministre, sans donner de détail sur les nationalités des victimes.
Les opérations des forces de sécurité burkinabè contre les auteurs des attaques se sont terminées en fin de matinée, a affirmé à l'AFP une source des services de sécurité sous couvert d'anonymat, précisant que les opérations de ratissage aux alentours de l'hôtel Splendid, du restaurant Cappuccino et des établissements voisins se poursuivaient.
L'attaque a été revendiquée dans la nuit par le groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), qui l'a attribuée au groupe Al-Mourabitoune du chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar, selon SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes.
Un des assaillants, parlant en arabe dans la revendication d'Aqmi, a affirmé que "30" personnes avaient été tuées.
Pas encore de bilan officiel
En l'absence de bilan officiel, une source sécuritaire burkinabè a affirmé à l'AFP sous couvert d'anonymat que 23 personnes avaient été tuées, ainsi que quatre jihadistes, dont deux femmes, alors qu'une source française fait état de 27 morts.
Peu avant, le ministre de l'Intérieur Simon Compaoré avait indiqué à l'AFP que trois jihadistes, "un Arabe et deux Négro-Africains", avaient été tués.
Un total de 126 personnes, dont 33 blessées, avaient également été libérées, avait ajouté le ministre sans donner de bilan précis des victimes.
L'attaque a commencé par l'irruption vendredi à 19 h 45 d'un nombre indéterminé d'assaillants dans l'hôtel Splendid, un établissement de luxe de 147 chambres situé au coeur de Ouagadougou et fréquenté par des Occidentaux et des employés des agences des Nations unies.
Un journaliste de l'AFP a pu distinguer au début de l'attaque trois hommes armés et enturbannés, un témoin indiquant de son côté avoir vu quatre assaillants "enturbannés et de type arabe ou blanc".
Premier assaut à 2 h du matin
Un premier assaut a été donné par les forces burkinabè, soutenues par des militaires français, vers 2 h. Les environs de l'hôtel se sont transformés en champ de bataille, avec de nombreux véhicules en flammes et la façade de l'hôtel en feu.
A l'aube, l'assaut s'est poursuivi en face de l'hôtel dans le café-restaurant Cappuccino, également lieu de rendez-vous de la communauté expatriée.
"Sur la terrasse du Cappuccino, les sapeurs-pompiers ont vu une dizaine de cadavres", a déclaré à l'AFP dans la nuit le ministre de l'Intérieur Simon Compaoré.
Pendant ces échanges de tirs, des clients parvenaient à quitter l'hôtel Splendid par des portes latérales.
"C'est horrible, les gens étaient couchés et il y avait du sang partout. Ils tiraient sur les gens à bout portant", a expliqué à l'AFP Yannick Sawadogo, un des rescapés de l'hôtel.
"On les entendait parler et ils marchaient autour des gens et tiraient encore sur des personnes qui n'étaient pas mortes. Et quand ils sont sortis, ils ont mis le feu, on a profité de leur départ pour sortir par les fenêtres brisées", a-t-il ajouté.
Un ministre parmi les rescapés
Vers 4 h 30, alors que l'assaut était en cours, un ministre burkinabè a annoncé que 30 personnes avaient pu sortir "saines et sauves" de l'hôtel et que 33 blessés avaient été évacués. Parmi les rescapés figurait notamment le ministre du Travail Clément Sawadogo, présent à l'hôtel au moment de l'attaque.
"Les différentes composantes des forces armées et de sécurité se sont réparti les missions", a indiqué de son côté l'ambassadeur de France Gilles Thibault, des militaires français prenant part aux opérations.
Le président français François Hollande a dénoncé une "odieuse et lâche attaque" et assuré que "les forces françaises apportent leur soutien aux forces burkinabè".
Des forces spéciales françaises sont stationnées dans la banlieue de Ouagadougou dans le cadre de la lutte anti-jihadiste dans le Sahel. Washington dispose également de 75 militaires dans le pays, et a indiqué apporter un soutien aux forces françaises dans l'opération.
Cette attaque inédite dans la capitale burkinabè constitue un défi pour le pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré, récemment élu après une transition souvent chaotique à la tête de ce pays à la population majoritairement musulmane (60 %).
Le Burkina, "point d'appui permanent" de l'opération militaire française Barkhane, a déjà été la cible d'opérations jihadistes. En avril 2015, le chef de sécurité roumain de la mine de manganèse de Tambao (nord) a été enlevé, une action revendiquée par Al-Mourabitoune. On est sans nouvelles de lui.
L'opération de vendredi survient un peu moins de deux mois après celle de l'hôtel Radisson Blu à Bamako. Le 20 novembre, une attaque jihadiste avait fait 20 morts dont 14 étrangers dans la capitale malienne.
Avec AFP