Les autorités israéliennes ont décidé d'annuler des dizaines de milliers de permis d'entrer en Israël délivrés à des Palestiniens de Cisjordanie et, dans une moindre mesure, de Gaza pour leur permettre de retrouver les leurs et d'aller prier sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est pendant le mois sacré de jeûne musulman.
Le nouveau ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, attendu au tournant, a lui pris la première décision portant sa marque sur le conflit depuis sa prise de fonctions fin mai à ce poste crucial supervisant l'action de l'armée dans les Territoires palestiniens.
Bien que les deux auteurs de l'attentat de Tel-Aviv n'aient pas été tués, il a ordonné que les corps de Palestiniens abattus au cours d'attentats anti-israéliens ne soient plus restitués à leur famille, a indiqué à l'AFP un de ses porte-parole.
Mercredi soir, deux Palestiniens d'une vingtaine d'années ont semé la terreur en ouvrant le feu sur des clients dans un quartier animé de restaurants et de bars à Tel-Aviv. Deux hommes et deux femmes ont été tués et cinq personnes blessées. Les assaillants ont été arrêtés, dont l'un gravement blessé par balles.
Des images de vidéosurveillance montrent l'horreur de la fusillade.
Deux hommes en costume-cravate, à l'allure d'hommes d'affaires, ouvrent le feu avec deux armes de poing dans le restaurant Max Brenner. L'une des victimes au moins est exécutée à bout portant. Un assaillant perd son chargeur. L'autre projette son arme contre le sol par dépit quand elle s'enraye.
- Démolition punitive en vue -
Au lendemain du drame, l'établissement était ouvert et à moitié plein, des anonymes et des personnalités qui s'y succédaient mettant un point d'honneur à montrer que la vie continuait.
A l'extérieur, sur la pelouse, des dizaines d'adolescents chantaient au son de la guitare. "N'aie pas peur, sois fort si tu es seul", disait l'une des chansons.
Les auteurs ont été identifiés comme Khaled Mohammad Makhamrah et Mohamad Ahmad Makhamrah, un étudiant et un ouvrier de 22 et 21 ans. Cousins, ils viennent de Yatta, localité proche de Hébron, poudrière du sud de la Cisjordanie occupée.
Après l'attentat, dans la nuit, les soldats israéliens sont entrés en nombre à Yatta, fouillant des maisons et procédant à des arrestations, selon l'armée. Le père de Mohamad Ahmad Makhamrah a indiqué que les soldats avaient pris les mesures de sa maison, rituel préalable à une démolition punitive.
Un conseil des ministres restreint présidé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu tout près des lieux de l'attentat a entériné le bouclage déjà effectif de Yatta.
Le gouvernement a aussi annulé tous les permis d'entrée délivrés à des Palestiniens pour le ramadan. 83.000 Palestiniens de Cisjordanie sont touchés, selon Israël. Des centaines de Gazaouis qui projetaient de se rendre en Cisjordanie ou à Jérusalem pendant le ramadan et la fête qui suit sont également concernés.
- Le test Lieberman -
Les réunions familiales sur le sol israélien et la possibilité d'aller prier sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, annexée et occupée par Israël, à l'occasion du ramadan sont une importante tradition pour les Palestiniens.
L'armée a aussi annoncé l'envoi de centaines de soldats supplémentaires en Cisjordanie.
L'attentat était le premier test pour le nouveau ministre de la Défense. Les premiers pas de ce représentant de la droite dure sont observés avec la plus grande attention pour savoir s'il mettra en application la rhétorique belliqueuse pour laquelle il est connu, ou s'il perpétuera le pragmatisme de son prédécesseur.
"Je ne vais pas détailler les mesures que nous allons prendre, mais je n'ai pas l'intention de m'en tenir à des déclarations", a-t-il dit lors d'une visite au restaurant Max Brenner.
En ordonnant la confiscation des corps d'assaillants, M. Lieberman rompt avec son devancier, soucieux de mesures d'apaisement. La confiscation des corps est mal vécue côté palestinien.
Israël, Jérusalem et les Territoires palestiniens sont en proie à des violences qui ont coûté la vie à 207 Palestiniens, 32 Israéliens, deux Américains, un Erythréen et un Soudanais depuis le 1er octobre, selon un décompte de l'AFP.
La plupart des Palestiniens tués sont les auteurs ou auteurs présumés d'attaques.
Avec AFP