Vingt-quatre heures après les attentats revendiqués par l'organisation Etat islamique qui ont frappé mardi matin l'aéroport de Bruxelles puis la station de métro de Maelbeek en plein quartier européen, la télévision publique francophone RTBF, citant des sources policières, a indiqué que deux des responsables de l'attaque à l'aéroport étaient les frères Khalid et Ibrahim El Bakraoui, recherchés pour leurs liens avec les attentats du 13 novembre à Paris.
Selon la RTBF, les deux frères ont été identifiés grâce à une image des caméras de vidéosurveillance diffusée mardi par la police. Elle montre trois hommes poussant des chariots à bagages, peu de temps avant les deux explosions qui ont éventré le hall des départs. Des appels à témoins ont été diffusés pour les trois individus.
Aucune information n'a en revanche fuité sur l'identité du troisième homme, "activement recherché", selon le parquet fédéral belge.
Les frères El Bakraoui, connus des services de police pour des vols avec violences et braquages, ont été mentionnés par les médias belges lors de la traque du suspect-clé des attentats de Paris, Salah Abdeslam, capturé vendredi dans la commune de Molenbeek, après quatre mois de cavale.
Khalid El Bakraoui aurait loué sous un faux nom une planque à Charleroi d'où sont partis une partie des commandos du 13 novembre, et un appartement de la commune bruxellloise de Forest, où une perquisition de routine le 15 mars avait permis de retrouver la trace d'Abdeslam.
Selon la TV publique néerlandophone VRT, les deux frères seraient impliqués dans les attentats de Bruxelles. L'un d'entre eux aurait sévi à l'aéroport tandis que l'autre se serait fait exploser à la station Maelbeek. Une source policière a indiqué à l'AFP que l'homme qui marchait au milieu des deux autres sur la photo diffusée par la police "pourrait être Ibrahim El Bakraoui".
Plus de 40 nationalités
Si la participation des frères El Bakraoui était confirmée, elle établirait un premier lien direct entre le réseau à l'origine des attentats de Paris (130 morts) et ceux de mardi à Bruxelles, les plus meurtriers jamais commis dans la capitale belge et européenne.
Elle viendrait également renforcer les craintes sur la capacité des réseaux jihadistes belges à continuer à mener des attentats sanglants malgré le renforcement des mesures de sécurité à travers l'Europe et la pression policière qui s'est considérablement renforcée depuis les attentats de Paris.
"Devait-on rétablir le niveau 4 (niveau d'alerte maximale) de la menace après l'arrestation de Salah Abdeslam ? N'avait-on pas de renseignement pour prévenir de l'imminence de cette menace ? " s'interrogeait mercredi dans une édition spéciale le quotidien francophone Le Soir, en s'inquiétant des "éventuels complices" des auteurs des attentats de mardi qui pourraient sévir à nouveau.
"La journée que tout le monde redoutait", titrait aussi le quotidien flamand De Standaard, en soulignant à quel point tout le monde s'attendait depuis novembre à une attaque à Bruxelles.
Aucun bilan définitif des attentats n'était disponible mercredi matin. Le centre de crise mentionnait une trentaine de morts et 250 blessés. La porte-parole de l'aéroport, citée par l'agence Belga, a précisé qu'un blessé était décédé pendant la nuit, portant à au moins 15 le nombre des tués à l'aéroport.
Dans cette ville très cosmopolite, "probablement plus de 40 nationalités" ont été touchées, selon le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders. Une Péruvienne est décédée, et huit Français, deux Britanniques et trois Américains ont été blessés.
Une délégation du FBI et de la police de New-York devait se rendre à Bruxelles. Le département d'Etat a mis en garde les ressortissants américains contre les "risques potentiels s'ils veulent voyager vers et à travers l'Europe".
Alors que s'ouvrait la première des trois journées de deuil national décrétées par le gouvernement, des Bruxellois continuaient à se rendre, comme la veille, Place de la Bourse, devenue le site emblématique de recueillement et d'hommage aux victimes
"Hier soir, je suis venue poser une bougie et je repasse ce matin par solidarité avec les victimes ef leurs familles. C'est important de se retrouver ici avec d'autres gens, c'est chaleureux. On pensait que ça ne pouvait arriver qu'ailleurs et non, c'est là, tout prêt, c'est dégueulasse. Ce sont des pauvres gens qui ne connaissent pas l'islam", a indiqué à l'AFP Latifa Charaf, 50 ans, enseignante à Bruxelles.
'Surréalisme belge'
Plusieurs stations de métro ont rouvert sous la surveillance de soldats mais étaient beaucoup moins fréquentées que d'habitude.
"Je prends le métro, peu importe ce qui arrivera, je ne vais pas abandonner mon mode de vie pour un connard qui se fait exploser", déclare un jeune employé prénommé Vasco, arrivé en train depuis Enghien à 30 kms de Bruxelles. "Dans le train, il y avait des gens qui blaguaient sur ce qui s'est passé hier. C'est le surréalisme belge, ça ne mourra pas" sourit-il.
Les drapeaux belges étaient en berne dans la capitale.
Les autorités de Bruxelles ont annoncé une minute de silence à midi, à laquelle devaient participer le roi des Belges, Philippe, et le Premier ministre français Manuel Valls, présent pour des rencontres avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et son homologue belge Charles Michel.
La presse belge se faisait l'écho d'informations non confirmées sur le modus operandi du commando de l'aéroport.
Selon plusieurs médias, c'est le chauffeur de taxi qui avait emmené les trois hommes à l'aéroport qui a contacté la police.
C'est lui qui "a conduit les enquêteurs à l'adresse où il avait pris les trois homme en charge le matin", et c'est dans cette maison que "la police a ensuite découvert un engin explosif contenant des clous, un drapeau de l'EI et des armes", selon Het Laatste Nieuws. La découverte du drapeau et de l'engin avait été annoncée par les autorités belges mardi soir.
Avec AFP