C'est le fait nouveau potentiellement embarrassant pour les autorités: alors que la police du New Jersey indiquait lundi qu'Ahmad Khan Rahami n'était "pas sur (leur) radar", le FBI a confirmé mardi avoir enquêté sur lui en 2014 - après que le père du jeune homme l'eut alerté - sans trouver "aucune indication de liens avec le terrorisme".
Rahami, 28 ans, est soupçonné d'avoir placé une cocotte minute bourrée d'explosifs dans le quartier très animé de Chelsea samedi soir, faisant 29 blessés.
Il est aussi soupçonné d'avoir posé une bombe artisanale sur le parcours d'une course à pied à Seaside Park dans le New Jersey samedi, qui n'a pas fait de victimes, et d'avoir caché au total huit autres engins n'ayant pas explosé.
Il a été inculpé mardi soir d'utilisation d'armes de destruction massive, d'attaque à la bombe d'un lieu public, de destruction de biens privés et d'utilisation d'un engin de destruction pour commettre un crime violent.
Des éléments de l'enquête figurant dans le document de l'inculpation indiquent qu'Ahmad Rahami a acheté, en juin, juillet et août, des éléments susceptibles d'entrer dans la composition d'engins explosifs.
Blessé par balle lors de la fusillade qui a mené à son arrestation lundi, il est hospitalisé "dans un état critique mais stable", selon le chef de la police new-yorkaise, James O'Neill.
M. O'Neill est resté muet sur ses possibles motivations. Mais de nombreuses informations ont émergé sur le passé de ce résident d'Elizabeth (New Jersey), né en Afghanistan et arrivé aux Etats-Unis enfant avant d'être naturalisé américain.
Le gouverneur de l'Etat de New York, Andrew Cuomo, a confirmé qu'il était retourné plusieurs fois en Afghanistan et au Pakistan, avec un séjour de près d'un an à Quetta, une ville où les talibans sont très présents.
Il s'y serait marié en 2011 et y aurait même eu un enfant, selon un député d'Elizabeth, Albio Sires.
Note manuscrite
Sa femme pakistanaise aurait quitté les Etats-Unis quelques jours seulement avant les attentats, a indiqué CNN, citant une source policière. Les autorités américaines ont contacté le Pakistan et les Emirats arabes unis pour essayer de la retrouver, a-t-elle ajouté.
Ahmad Rahami s'est-il radicalisé lors de ces voyages ?
Des proches du jeune homme, cités lundi par le New York Times, avaient évoqué "un changement de comportement" au retour d'un de ses voyages en Afghanistan.
Surtout, les autorités ont retrouvé sur Rahami un carnet, ainsi qu'une note manuscrite, qui attesteraient de son goût pour les idéologies radicales, selon le document de l'inculpation.
Il y fait notamment référence à Oussama Ben Laden, qualifié de "frère", et Anwar al-Awlaqi, l'idéologue d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique tué par un drone américain au Yémen.
Blotti à l'entrée d'un bar
Les autorités avaient indiqué lundi ne pas rechercher d'autres suspects et n'avoir aucune information sur la présence d'une "cellule terroriste" opérationnelle à New York.
Mais les enquêteurs continuent selon M. O'Neill, à éplucher ses communications, son activité sur les réseaux sociaux, son entourage, pour vérifier s'il a vraiment agi seul.
Selon le document de l'inculpation, les enquêteurs auraient identifié un compte sur un réseau social, non précisé, avec, dans ses contacts, deux personnes ayant fait l'apologie du djihad.
Ahmad Rahami a apparemment une grande famille : selon des documents enregistrés en 2006 par son père pour leur restaurant fast-food situé à Elizabeth, il aurait sept frères et soeurs.
Il aurait aussi deux enfants, l'un de sa femme pakistanaise, l'autre d'une ex-petite amie.
Les premiers résultats de l'enquête renforcent la crainte de nouveaux attentats, après ceux d'Orlando en juin (49 morts) et de San Bernardino (décembre 2015, 14 morts).
Une crainte alimentée également par l'attaque samedi dans le Minnesota, où un étudiant américain d'origine somalienne a blessé 10 personnes à l'arme blanche dans un centre commercial avant d'être abattu.
Cette attaque a été revendiquée par l'organisation Etat islamique, même si aucune information n'a encore filtré indiquant que l'étudiant était radicalisé.
Ces événements ont replacé la question sécuritaire au coeur de la campagne présidentielle.
Le candidat républicain Donald Trump a utilisé les attentats pour fustiger l'"angélisme" supposé de sa rivale démocrate et du président Barack Obama face à l'immigration, tandis qu'Hillary Clinton dénonçait au contraire tout amalgame entre immigrants et attentats.
Avec AFP