Annuler, "ce serait une défaite"
Le 13 novembre dernier, le Stade de France, où se déroulait le match amical France-Allemagne (2-0), était une des cibles visées par les attentats qui ont fait 130 morts. Faut-il, après les scènes d'horreur à Bruxelles mardi, annuler le 3e évènement sportif mondial, qui va drainer 2,5 millions de spectateurs dans les stades et 7 millions dans les fans-zones ?
"Non, ça serait une défaite, ça serait donner une victoire aux terroristes. Il faut maintenir ces manifestations sportives. La condition, c'est qu'elles puissent se tenir dans les meilleures conditions", a déclaré le Premier ministre Manuel Valls mercredi sur Europe 1.
Avec la Cop 21 sur le Climat à la fin de l'année dernière, la France a fait la "démonstration" qu'elle pouvait "accueillir de grandes manifestations". "Et nous allons continuer à faire cette démonstration", a poursuivi Manuel Valls.
"On ne peut pas imaginer qu'un incident quel qu'il soit puisse éliminer une compétition aussi importante. Toute l'Europe est concernée, personne n'est à l'abri", avait aussi insisté mardi le président de la Fédération française de football Noël Le Graët.
"Pas de matches à huis clos"
Pour garantir une sécurité maximale, faudrait-il arriver à une autre extrémité ? Comment jouer les matches à huis clos, sans spectateurs ?
"Nous sommes confiants dans le fait que toutes les mesures de sécurité seront prises pour organiser un Euro sûr et festif et de ce fait il n'est pas prévu de disputer des matches à huis clos", a indiqué à l'AFP Pedro Pinto, porte-parole de l'UEFA.
Cette mise au point est intervenue alors que l'un des vice-présidents de l'UEFA, Giancarlo Abete, interrogé mardi sur Radio 24, station italienne, avait utilisé une formule ambigüe; provoquant un début d'emballement sur le sujet. "D'un point de vue technique, le risque de huis clos peut toujours exister parce que nous parlons d'une compétition où les matches doivent avoir lieu. Mais il me semble qu'aujourd'hui les priorités ne sont pas celles-là", avait-il dit.
M. Abete a été plus explicite mercredi dans la Gazzetta dello Sport: "Il n'y a pas de situation structurelle qui fasse que (l'UEFA) pense à disputer l'Euro à huis clos. L'UEFA veut jouer, les matches de foot sans supporters ne sont pas de vrais matches de foot."
Sécurité inédite, fans-zones en question
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve l'a réaffirmé mardi: afin de "résister à la terreur", le dispositif de sécurité autour de l'Euro-2016 sera sans précédent.
Les fans-zones, où se regroupent les supporters en dehors des matches ou pour visionner les rencontres, sont sous haute vigilance. Il y aura des palpations systématiques à leur entrée, la détection d'objets métalliques, le recours aux services de déminage et l'installation de la vidéo surveillance dans ces espaces qui pourront abriter entre 10.000 et 100.000 personnes dans les villes hôtes.
Placée sous la responsabilité des villes hôtes qui auront recours à des sociétés privées, et établie avec le préfet, la sécurisation des fans-zones coûtera 17 millions d'euros au total, selon le maire de Bordeaux Alain Juppé. Le président du club des villes hôtes, à qui l'UEFA avait promis 3 millions d'euros avant les événements de novembre, a demandé à l'instance européenne une rallonge d'un million; demande qui sera examinée lors du prochain comité de pilotage, fin avril.
L'Etat financera lui 80% des systèmes de vidéo-surveillance, soit 2 millions d'euros.
Enfin, l'UEFA, responsable de la sécurité des stades, des camps de base des équipes, des hôtels officiels et du centre des médias, s'apprête à recruter 10.000 agents privés, soit 7% de plus que le chiffre prévu avant le 13 novembre.
Avec AFP