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Attentats de Paris : Salah Abdeslam garde le silence face au juge français


Il avait parait-il "envie de s'expliquer", il n'a finalement pas ouvert la bouche : Salah Abdeslam, seul membre encore en vie du commando djihadiste des attentats de Paris, a refusé vendredi de répondre au juge pour son premier interrogatoire en France, très attendu.

"Salah Abdeslam a d'entrée de jeu fait valoir son droit au silence, en refusant de répondre aux questions du juge d'instruction", a déclaré le parquet.

"Il a également refusé de préciser les raisons le conduisant à faire un tel usage de son droit au silence. Il a refusé de la même façon de confirmer les déclarations qu'il avait précédemment faites devant les policiers et devant le juge d'instruction belges", a-t-il ajouté.

Salah Abdeslam est le seul suspect entre les mains de la justice française à être directement lié aux attentats de Paris, qui ont fait 130 morts le 13 novembre 2015.

Frank Berton, avocat de Salah Abdeslam
Frank Berton, avocat de Salah Abdeslam

"Il n'a pas souhaité s'exprimer aujourd'hui" et a indiqué "qu'il le ferait plus tard", a déclaré pour sa part à l'AFP l'un de ses avocats, Frank Berton. "Il a souhaité faire usage de son droit au silence, il faut lui laisser du temps", a-t-il ajouté.

Selon le parquet, Salah Abdeslam n'a toutefois fait aucune promesse pour la suite et n'a pas pris l'engagement de s'exprimer dans l'avenir.

- Attitude 'scandaleuse'-

"Il a refusé de confirmer s'il répondrait dans le futur, nonobstant les promesses qu'il avait faites et que le juge lui a rappelées", a également expliqué un avocat de parties civiles, Olivier Morice, dénonçant une "attitude parfaitement scandaleuse" du suspect et de ses conseils qui "continuent d'exercer une forme de manipulation de l'opinion publique".

Le petit caïd radicalisé devenu le fugitif le plus recherché d'Europe jusqu'à son arrestation le 18 mars à Bruxelles a été extrait au petit matin de sa cellule de Fleury-Mérogis, au sud de Paris, où il est incarcéré à l'isolement, et est arrivé en début de matinée au palais de justice de Paris. Son convoi était escorté par les hommes en arme d'une unité d'élite de la gendarmerie, et suivi notamment par un hélicoptère.

L'audition par les magistrats antiterroristes qui l'avaient mis en examen, notamment pour assassinats terroristes, le 27 avril, lors de sa remise par la Belgique à la France, devait initialement durer toute la journée.

Son avocat a déploré son isolement et la vidéo-surveillance en permanence dans sa cellule. "Il se sent épié 24H sur 24, ça ne le met pas dans de bonnes conditions", a expliqué à la presse Me Berton, qui compte saisir le ministre de la Justice à ce sujet.

-'Maître du moment'-

Quant à s'exprimer sur le dossier, Salah Abdeslam "est maître du moment où il choisira de parler", a-t-il affirmé.

"Il ne faut surtout pas être suspendu à ses lèvres" et attendre des "révélations sensationnelles", a prévenu un avocat de victimes des attentats, Gérard Chemla, d'autant que "les investigations sont allées déjà très loin".

Salah Abdeslam, au coeur de la cellule des assaillants, au soir des tueries et bien avant, apparaît comme un acteur central de l'expédition meurtrière du 13 novembre.

Il est celui qui a déposé les trois kamikazes du Stade de France avant d'être exfiltré vers la Belgique. Avant les attentats, c'est lui qui a loué des véhicules et des planques en région parisienne. Dans les mois qui précèdent, il a multiplié les voyages pour convoyer des membres du réseau à travers l'Europe, notamment Najim Laachraoui, possible artificier du 13 novembre mort en kamikaze lors des attentats du 22 mars qui ont fait 32 morts à Bruxelles.

Ami d'Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attaques et tueur des terrasses, il a probablement partagé de nombreux secrets avec lui.

Abdeslam, dont son avocat affirmait depuis plusieurs jours qu'il avait "envie de s'expliquer", n'a donc rien livré sur la conception du projet jihadiste, ses commanditaires et d'éventuels complices encore dans la nature. Devant les juges belges, il avait minimisé son rôle, assurant avoir fait "machine arrière" alors qu'il aurait dû mourir en kamikaze au Stade de France, ou se présentant comme un pion aux ordres de son frère Brahim et d'Abaaoud, tous les deux morts.

Dans cette enquête tentaculaire, plus d'une vingtaine de personnes ont été mises en examen ou inculpées, principalement en Belgique. La justice française a d'ailleurs demandé la remise de quatre autres suspects inculpés à Bruxelles, dont trois soupçonnés d'avoir aidé Abdeslam dans sa fuite, a appris l'AFP jeudi.

Avec AFP

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