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Le congrès du SDF s'ouvre malgré les menaces des séparatistes anglophones au Cameroun


Josuah Osih, candidat au sein du parti Social Democratic Front, contre le chef de file de l'opposition John Fru Ndi, lors d'une conférence de presse à Yaoundé, le 28 janvier 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Josuah Osih, candidat au sein du parti Social Democratic Front, contre le chef de file de l'opposition John Fru Ndi, lors d'une conférence de presse à Yaoundé, le 28 janvier 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Menacé par les séparatistes anglophones, le congrès national du premier parti d'opposition camerounais, le Social democratic front (SDF) s'est ouvert dans Bamenda où les commerçants observent une journée "ville morte" suite à un appel des sécessionnistes.

"Oui, c'est vrai qu'ils peuvent venir, et avec des armes!": aux aguets, un agent de sécurité du SDF ne cache pas sa crainte de voir apparaître les sécessionnistes anglophones, en plein conflit armé contre les forces armées camerounaises dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Ceux-ci menacent depuis plusieurs jours de déstabiliser le congrès du SDF, qui doit aboutir à la nomination du candidat du parti à l'élection présidentielle prévue fin 2018.

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"Nous sommes prêts à vous sacrifier, vous et les autres leaders politiques qui soutiennent le gouvernement terroriste" de Yaoundé, menacent de multiples messages circulant sur les réseaux sociaux.

"Nous prenons ces menaces très au sérieux", déclare à l'AFP un cadre du parti, Jean Robert Wafo.

De fait, à l'entrée du Palais des Congrès de Bamenda, où se tient durant trois jours le congrès du parti, des policiers armés sont en place, ajoutés aux agents de sécurité privés dépêchés par le SDF.

"Tous les corps sont présents: police, gendarmerie, renseignements généraux, et beaucoup d'agents sont en civil", explique une source proche des services de sécurité camerounais. Des escortes assurées par policiers et gendarmes sont organisées pour permettre aux différentes délégations de congressistes de rejoindre le site.

A Bamenda, comme ailleurs en régions anglophones, les attaques isolées des séparatistes se multiplient depuis quelques mois. Début février, un gendarme a été abattu à Bamenda par des séparatistes en moto, et au moins trois civils ont été tués par les forces de sécurité dans la même ville quelques jours plus tard.

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La décision de tenir le Congrès du SDF à Bamenda a fait couler beaucoup d'encre. Il était d'abord prévu dans les locaux de l'Eglise protestante, qui s'est ensuite rétractée.

Finalement, il a été décidé de tenir le rassemblement politique au Palais des Congrès, même si le lieu est prioritairement dédié aux activités politiques du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).

Ni John Fru Ndi -chef du parti et éternel opposant à Paul Biya, qu'il a déjà affronté trois fois dans les urnes par le passé- a déclaré, sous une photo du président Paul Biya trônant au dessus de la tribune, qu'il ne serait pas candidat à l'investiture du SDF pour la présidentielle.

"Moi, je ne présenterai pas ma candidature (à l'investiture du parti pour la présidentielle). J'ai décidé de céder ma place à mes jeunes cadets dans le parti", a-t-il déclaré.

A ses côtés à la tribune, était présent à l'ouverture du Congrès le gouverneur du Nord-Ouest anglophone, Adolphe Lele Lafrique. Face à eux, en début de congrès, les militants (près de 1.500 accrédités, selon le SDF) se sont levés pour entonner le traditionnel slogan du parti, "Power to the People", le poing levé.

'Ville morte'

Dans leurs messages, outre les menaces au SDF, les séparatistes ont demandé aux commerçants d'observer une journée "ville morte" contre la tenue du Congrès à Bamenda. Le mot d'ordre a été largement suivi: de nombreux commerces sont restés fermés jeudi, a constaté l'AFP.

"Beaucoup de commerçants ont fermé parce qu'ils ont peur qu'on brûle leur boutique", a témoigné un marchand de bijoux, apeuré.

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"Beaucoup de gens dans la population sont contre le SDF et son congrès. Ils ne comprennent pas pourquoi le parti va aux élections alors qu'il y a des problèmes", a-t-il indiqué, relayant un sentiment partagé par de nombreuses personnes rencontrées par l'AFP à Bamenda.

Beaucoup d'anglophones se considèrent marginalisés, voire discriminés, par la majorité francophone et dénoncent un partage inéquitable de la richesse nationale.

Le parti d'opposition a d'ores et déjà indiqué qu'il participerait aux élections prévues en 2018, tandis que beaucoup d'autres partis s'y refusent, réclamant pour certains plus de transparence, d'autres dénonçant un scrutin joué d'avance.

"Moi je n'ai pas peur. Je suis animé d'un esprit d'engagement. Même si mon sang doit couler, il n'y a pas de problème", assure un militant, Guy Merlin Hepdieu.

Avec AFP

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