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Maurice Kamto, principal opposant, appelle à boycotter les législatives


L'ancien ministre de la Justice Maurice Kamto donne un discours à Calabar, au sud du Nigeria, le 14 août 2008.
L'ancien ministre de la Justice Maurice Kamto donne un discours à Calabar, au sud du Nigeria, le 14 août 2008.

Le principal opposant du Cameroun Maurice Kamto et son parti ont appelé lundi à boycotter les législatives et municipales de février 2020, dénonçant leur organisation alors qu'une partie du pays reste le théâtre d'un conflit meurtrier et craignant des "fraudes massives".

Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) "appelle les Camerounais à ne pas aller voter et à rester chez eux le 9 février 2020 afin de ne pas cautionner les élections qui ne ramèneront pas la paix dans notre pays", a déclaré M. Kamto.

Rival malheureux du président Paul Biya à la présidentielle de 2018, Maurice Kamto a été libéré début octobre après avoir passé plus de huit mois en prison.

Il a souhaité que "tous les partis politiques de l'opposition, l'ensemble de la société civile, les organisations et autres forces réligieuses" suivent son appel à boycotter ce double scrutin.

La présidence camerounaise avait annoncé le 10 novembre que les élections législatives et municipales, reportées à deux reprises depuis 2018, se tiendraient finalement le 9 février 2020. Une partie de l'opposition avait dénoncé l'organisation de ces élections, s'inquiétant de leur crédibilité, au moment où le pays est confronté à de multiples crises.

"Organiser des élections au Cameroun aujourd'hui, qui plus est des élections locales, sans avoir rétabli la paix dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest...c'est donner le message que (les) populations (de ces régions) ne sont pas des Camerounais et, ce faisant, consacrer la partition de fait du pays", a déclaré M. Kamto.

Depuis deux ans, l'ouest du pays est le théâtre d'un conflit meurtrier qui oppose indépendantistes anglophones à l'armée et qui a déjà fait plus de 3.000 morts, selon des ONG. Ces deux régions comptent environ 16% de la population camerounaise.

- "Nouvelle crise" à venir -

M. Kamto a également critiqué l'absence d'une réforme du code électoral. "Avec le système électoral actuel, les mêmes causes produiront inévitablement les mêmes effets à savoir: fraudes massives, vol des résultats et nouvelle crise post-électorale", a-t-il dit.

La réélection en octobre 2018 de M. Biya, 86 ans dont 37 au pouvoir, avait déclenché une grave crise politique, l'opposition, notamment le camp de M. Kamto, arrivé en deuxième position, lui contestant la victoire.

Le MRC avait lancé des manifestations pacifiques au lendemain des résultats pour dénoncer un "hold-up électoral". C'est à l'issue d'une de ces marches que M. Kamto et des dizaines de ses partisans avaient été arrêtés en janvier.

Il a été remis en liberté sur ordre de M. Biya huit mois plus tard, début octobre, notamment à la suite de pressions internationales, Etats-Unis et France en tête.

Mercredi, pourtant, le MRC avait mis en place une commission chargée des investitures pour ce double-scrutin, avant de faire volte-face. Le parti "était persuadé que dans un sursaut patriotique, le régime en place prendrait en compte les exigences légitimes des Camerounais même à la dernière minute", a justifié lundi M. Kamto. "Malheureusement, celui-ci s'est enfermé dans son mépris habituel", a-t-il poursuivi.

Lors de cette conférence de presse, le leader de l'opposition a également affirmé détenir des informations faisant état "d'un projet d'élimination physique" à son encontre et celle de plusieurs cadres de son parti.

Le MRC "tient à dire aux extrémistes du régime, qui sont aussi bien des politiques que des membres du système de sécurité, que ces menaces n'ont aucun impact sur sa détermination à offrir une alternative au peuple camerounais", a-t-il asséné.

Le gouvernement n'avait pas encore réagi lundi en fin d'après-midi aux accusations lancées par M. Kamto, ni à l'annonce par son parti de boycotter les élections.

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