D'après les autorités camerounaises, 77.000 réfugiés nigérians vivent dans le camp de Minawo dans la région de l’Extrême-Nord. Malgré le retour volontaire de près de 15.000 d’entre eux, ce camp connait une surpopulation au moment où les partenaires du haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (le HCR), ont rompu définitivement leur aide alimentaire. Face à cette situation, le gouvernement camerounais tente d’éviter un péril alimentaire pour ces réfugiés.
"Le président de la République a demandé que nous trouvions des moyens pour les encadrer conformément aux conventions de Genève, explique Midjiyawa Bakary, le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord. "Nous avons trouvé un terrain de 151 hectares qui seront mis à la disposition des réfugiés, avec des tracteurs mis à notre disposition par le PNUD."
Dans les deux prochaines semaines, à la faveur du retour des pluies dans cette partie aride du Cameroun, les autorités vont procéder à l’attribution des parcelles aux réfugiés.
"Ces terrains seront déblayés on va les organiser par familles et par affinités, précise Midjiyawa Bakary. "Nous allons les accompagner, viabiliser le terrain, faire des hangars, des forages et des sanitaires pour leur permettre de séjourner sur le site où ils vont cultiver. Au terme de ce processus ils vont dégager ce qu’ils vont consommer et mettre sur le marché le surplus, voire même l'exporter le surplus vers leur pays d’origine."
L’annonce de cette initiative a trouvé un écho favorable auprès des réfugiés nigérians. "L'initiative de nous allouer les espaces pour cultiver est bonne parce que l’on retrouve beaucoup de cultivateur dans la population des réfugiés, se réjouit Lucas Issac, représentant des réfugiés nigérians.
Un accompagnement alimentaire sera par ailleurs alloué aux réfugiés jusqu'aux récoltes. Pour les riverains du camp des réfugiés de Minawo, ceux-ci bénéficient d’un programme de grenier communautaire grâce à l’ONG Réseau de lutte contre la faim, Relufa.
"Tout ce qu’on récolte ici on garde au grenier jusqu’au moment où le prix du mil est en hausse sur le marché. On vend alors une partie de la récolte et l’autre partie quelqu’un peut venir emprunter qu’il va remettre à la récolte avec les intérêts, quelqu’un qui a pris 20 kilos de mil peut rembourser 22 kilos", explique Salié Bouba, superviseur grenier communautaire du village Mbozo-Kaé dans la région de l’extrême-nord
Le village Gouringuel, où se trouve le camp de transit du HCR avait été frappé en 2013 par une crise alimentaire consécutive à l’arrivée des réfugiés nigérians ayant fui les exactions de Boko Haram. En 2016, le Réseau de lutte contre la faim a fait don de 150 sacs de mil au village.
D’après Seidou Sali, chef du village Gouringuel dans la région de l’extrême-nord, "avant l’arrivée du grenier communautaire, il n’y avait pas la nourriture dans le village maintenant il y’a la disponibilité du mil dans le village, on garde nos stocks dans le grenier qu’on a construit, il n’y a plus l’exode rural".
Selon l'ONU, un million de personnes, dont 650.000 réfugiés, ont besoin d'aide alimentaire au Cameroun cette année.
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