A l'hôpital, les vrombissements des moteurs des 4x4 interrompent, à espaces réguliers, le silence des alentours de ce bâtiment austère construit en pierre rougeâtre où se déroule à huis clos la lutte contre l'épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola, déclarée depuis le 8 mai par les autorités.
Sous un manguier, une dizaine de personnes dont certaines portent des gilets blancs "MSF" se concertent à voix basse, en toute sérénité.
Puis quelques uns se détachent du groupe pour se diriger vers le bâtiment où deux agents en tenue verte, droits dans leurs bottes noires en caoutchouc et les mains protégées de gants jaunes, aspergent sur leurs pieds des désinfectants avant d'y pénétrer.
Ensuite, tout ce qui se passe à l'intérieur de ce lieu de contact direct avec le virus d'Ebola, qui provoque de fortes fièvres hémorragiques conduisant à une mort certaine dans la plupart des cas, reste secret.
"On n'est pas (autorisé) à donner le nombre des malades admis dans cet espace d'isolement, mais on peut dire qu'on a enregistré un décès. Pour les autres qui sont là, l'évolution est assez bonne", déclare à l'AFP, l'air satisfait le Dr Hilaire Manzibe, médecin directeur de l’hôpital général, à sa sortie de ce lieu d'isolement.
Ce médecin se souvient avoir reçu le 1er mai un malade en provenance de Bikoro, l'épicentre de l'actuelle épidémie, qui présentait "des symptômes de fièvre et de vomissements". Mais, à la demande de sa famille, "il était sorti pour suivre des soins traditionnels contre le poison", déplore le médecin.
Revenu le 11 mai, "le malade présentait tous les signes de la fièvre qui sévissait à Bikoro", a constaté ce jeune médecin d'une quarantaine d'années.
'Zone rouge'
Un infirmière, Julie Lobali, se rappelle comment elle avait administré des soins à ce malade.
"A son arrivée le 1er mai, le patient était en contact avec nos préposés à la réception, est passé chez le médecin pour la consultation, puis entre mes mains pour l'administration des soins", témoigne cette mère de famille âgée d'une cinquantaine d'années.
"Mais à son retour, (le 11 mai), le médecin directeur m'a déclaré qu'il faut préparer la quarantaine. Nous sommes dans une zone rouge", poursuit-elle.
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A la sortie de cet espace de 100 m2, le rite est strictement observé : les agents aspergent de désinfectants leurs chaussures, se lavent les mains avec du savon liquide, avant de franchir le ruban rouge et blanc qui sert de clôture.
Mme Lobali, qui retourne le soir en famille et circule en toute liberté, est "suivie comme contact" et sera parmi les premières personnes à être vaccinées lundi.
Le gouvernement congolais a annoncé pour ce lundi le démarrage de cette opération qui cible en priorité le personnel soignant, les contacts des malades et les contacts des contacts.
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Pour cette campagne, l'OMS a dépêché une équipe de 35 experts de la vaccination dont 16 mobilisés pendant l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'ouest qui s'était déclarée en septembre 2013. Le reste de l'équipe est constitué des Congolais récemment formés.
L'OMS considère que la RDC fait face à un "risque toujours élevé de propagation de l’épidémie de la maladie à virus Ebola" mais estime qu'il ne s'agit pas d'une urgence de "portée mondiale".
Dans le compte-rendu d'un conseil spécial des ministres, le gouvernement considère qu'"il y a lieu d'envisager de nouveaux cas" de personnes contaminées par le virus.
Un plan de riposte est activé depuis vendredi, selon les autorités et l'épidémie est désormais redimensionnée à un niveau "de portée nationale".
Sur une quarantaine de cas comptabilisés, 25 décédés ont été enregistrés.
Avec AFP