L'heure est à l'apaisement sur ces deux questions qui avaient nourri les brouilles entre les deux pays ces trois dernières années. A tel point que le président français, en visite d'Etat de lundi à mercredi dans le royaume, et le souverain ont clamé leur volonté "d'écrire" un "nouveau livre ensemble pour répondre aux défis du XXIe siècle".
Emmanuel Macron a invité Mohammed VI en visite d'Etat dans un an pour signer un nouveau "cadre stratégique" pour le 70e anniversaire de la Déclaration qui scella l'indépendance du Maroc de la France, à la Celle-Saint-Cloud le 6 novembre 1955.
Sur la lutte contre l'immigration illégale, qui constitue une "attente forte en France", le président a appelé, lors d'un discours devant le Parlement à Rabat, à une "coopération naturelle et fluide" avec le Maroc et à "davantage encore de résultats".
"Raccourcir les délais"
Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, porteur d'une ligne ferme sur ce sujet, a rencontré dans l'après-midi son homologue Abdelouafi Laftit. Au coeur des discussions, les "réadmissions des ressortissants marocains en situation irrégulière", que la France souhaite expulser sans toujours y parvenir, faute notamment de laissez-passer consulaires de Rabat.
Devant la presse, Bruno Retailleau a assuré leur volonté commune d'agir sur les procédures "d'identification pour les personnes dont l'origine n'est pas documentée", afin de "raccourcir les délais" et "mieux faire en termes de nombres de personnes réadmises".
"Cette question revêt une attention particulière de la part des deux parties dans un cadre de responsabilités communes", a répondu le ministre marocain, sans toutefois faire d'annonce concrète.
La décision de la France de diviser par deux le nombre de visas accordés aux Marocains en 2021-2022 pour pousser Rabat à reprendre plus de ses ressortissants expulsés avait conduit à de fortes crispations.
La question du Sahara occidental avait aussi suscité de l'amertume au Maroc, où il s'agit d'une véritable cause nationale, et où l'on comprenait mal que Paris ne s'aligne pas sur la reconnaissance, par les Etats-Unis, de la souveraineté marocaine.
Très attendu, Emmanuel Macron a donc suscité les applaudissements nourris du Parlement quand il a réaffirmé que "le présent et l'avenir" de ce territoire disputé "s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine". Une position déjà énoncée cet été dans une lettre au roi, qui avait ouvert la voie à cette visite d'Etat maintes fois repoussée.
Plus de dix milliards d'euros
L'ex-colonie espagnole du Sahara occidental, considérée comme un "territoire non autonome" par l'ONU, oppose depuis un demi-siècle le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.
"Cette position n'est hostile à personne", a assuré le dirigeant français dans une réponse aux critiques de l'Algérie.
La France est aussi prête à "accompagner le développement de ces territoires au travers d'investissements, d'initiatives durables et solidaires au bénéfice des populations locales", a-t-il dit.
Au total, 40 accords ont été signés lundi et mardi, dans le secteur ferroviaire, le dessalement de l'eau, la fourniture d'un satellite de communications ou la production d'hydrogène vert.
Parmi les gros projets annoncés mardi, le groupe français Veolia va développer au Maroc un projet de dessalement d'eau de mer, présenté comme le plus grand d'Afrique et le deuxième au monde.
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