"Le PAM se place dans le cadre du projet démocratique moderniste", clame son secrétaire général, Ilyas El Omari, dans un entretien avec l'AFP, en affichant son objectif de faire entrer 30 femmes dans un Parlement qui en manque cruellement.
Les élections législatives du 7 octobre s'annoncent comme un face-à-face serré entre les islamistes du Parti Justice et Développement (PJD) qui dirigent la coalition gouvernementale depuis 2011, et le PAM, formation d'inspiration libérale fondée en 2008 par un proche du roi Mohammed VI, Fouad Ali El Himma.
"Nous cherchons à endiguer cette marée conservatrice qui traverse la société et s'est installée au sein même des institutions", déclare M. Omari, fine moustache et regard pétillant derrière des lunettes cerclées de fer.
"Notre problème avec le PJD vient de son projet et de son idéologie", poursuit-il. "Récemment, le Premier ministre (Abdelilah Benkirane) a dit se référer, en sa qualité de chef du parti, à la doctrine d'Ibn Taymiyya", un théologien sunnite mort au XIVe siècle et souvent instrumentalisé par certains groupes jihadistes.
'Contre les assassins'
Pour le chef du PAM, les islamistes du PJD montrent aussi trop de proximité avec le théoricien controversé Sayyid Qutb, militant radical inspirateur des Frères musulmans en Egypte.
"Leur idéologie nous fait peur. Ce qui se passe dans notre société fait peur, (...) avec de violentes réactions contre la modernisation des moeurs, des agressions", ajoute-t-il.
Le PAM pourrait-il s'allier avec les islamistes pour gouverner? "Jamais! Jamais nous ne formerons de coalition avec le PJD!", tranche, catégorique, le chef du PAM.
Le matin même, M. Omari avait présenté les listes de ses candidats dans un grand hôtel de Casablanca, théâtre d'un attentat islamiste qui fit 45 morts en 2003. Un symbole, selon lui, et un message clair "contre les assassins" pour dire "oui à la vie".
Issu d'une famille pauvre du Rif (nord), Ilyas El Omari, 49 ans, est un ovni sur la scène politique marocaine: ancien militant d'extrême gauche, qui vécut un moment dans la clandestinité pour échapper à la police d'Hassan II, défenseur des droits de l'homme, patron de presse, président de la région de Tanger...
Ses ennemis, Premier ministre Benkirane en tête, le traitent "d'opportuniste" ou de "bandit". Il n'en a cure. Il dément aussi agir en service commandé pour le palais. "La majorité des partis marocains actuels ont été créés par des proches du roi", souligne-t-il, "y compris le PJD".
Comme le fondateur du PAM Fouad Ali El Himma, "beaucoup d'autres conseillers de sa majesté ont été membres de différents partis politiques", assure M. Omari, démentant toute proximité particulière avec l'entourage du souverain.
Et "si quelqu'un a un problème avec la monarchie, la personne du roi ou avec ses conseillers, qu'il ait le courage de le dire!", ajoute-t-il.
'Le changement c'est maintenant'
Sous le slogan "le changement c'est maintenant", le PAM a fait de la défense de la femme l'un de ses grands axes de campagne: parmi les 92 circonscriptions où il est en lice, il présente deux listes entièrement féminines, et six femmes comme tête de liste.
"Nous avons besoin de femmes au sein du Parlement. La femme marocaine a longtemps été exploitée dans l'histoire, et ça a continué ces cinq dernières années", dit-il.
Avec 17% de femmes au Parlement (dont la présence est en partie garantie par un système de quota), le Maroc est au 109e rang sur 187 pour le nombre de femmes dans ses assemblées, selon un classement de l'Union interparlementaire qui regroupe des Parlements du monde entier.
"En tant que président de la région de Tanger, la seule région au Maroc qui applique le principe de la parité (dans ses instances dirigeantes), je me suis rendu compte que là où il y a des femmes, il y a la crédibilité, le dévouement et des résultats positifs", affirme M. Omari.
Avec AFP