Des sources sécuritaire et médicale ont confirmé le bilan de cette attaque non revendiquée, qui pourrait être revu à la hausse.
Cette attaque contre les forces de sécurité dans le désert occidental est intervenue au moment où le pays s'apprêtait à commémorer les 75 ans de la bataille d'El-Alamein, qui a marqué une victoire décisive, en 1942, pour les Alliés contre les forces de l'Axe lors de la Seconde Guerre mondiale.
Une cérémonie a bien eu lieu samedi matin au cimetière du Commonwealth en présence de 35 délégations internationales.
Mais le président Abdel Fattah al-Sissi, qui n'était pas à cette cérémonie, a annulé une partie de ses engagements dans la ville côtière samedi en marge de la commémoration internationale, selon la présidence. Il devait notamment assister à un événement pour promouvoir la construction de la nouvelle ville d'El Alamein.
Samedi matin, à l'entrée de la zone où s'est déroulé l'accrochage meurtrier la veille, deux conducteurs de camion qui s'éloignaient des lieux de l'embuscade ont dit à l'AFP que les forces de sécurité y étaient présentes en masse et que "des avions survolaient la zone", située à moins de 200 kilomètres du Caire.
- Tirs de roquettes -
Le ministère de l'Intérieur a indiqué que les forces de sécurité, qui traquaient des militants islamistes dans la région, avaient été attaquées vendredi en fin de journée sur la route menant à l'oasis de Bahariya, à moins de 200 km du Caire.
Cette oasis a longtemps été une destination touristique très prisée.
Plusieurs "terroristes" ont également été tués lors des affrontements, a indiqué le ministère sans donner aucune précision chiffrée sur le nombre de policiers et d'assaillants morts.
Selon une source proche des services de sécurité, le convoi des forces égyptiennes a été visé par des tirs de roquettes. Des engins explosifs ont également été utilisés par les assaillants.
A Paris, où M. Sissi doit se rendre la semaine prochaine, le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian a réagi en présentant ses condoléances à l'Egypte. "La France réitère son soutien à la stabilité de l'Egypte dans ces moments douloureux", a-t-il déclaré.
Dans la région, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et la Ligue arabe ont condamné l'attaque meurtrière.
Depuis que l'armée, alors dirigée par le général Al-Sissi, a destitué en 2013 le président démocratiquement élu Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, des groupes extrémistes ont multiplié les attentats visant les militaires et la police.
Les autorités luttent principalement contre la branche égyptienne du groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui multiplie les attaques, notamment dans le nord de la péninsule du Sinaï, située dans l'est du pays.
Des centaines de soldats et de policiers ont péri dans ces attaques au cours des quatre dernières années.
Un des attentats les plus meurtriers avait tué au moins 21 soldats à un barrage militaire dans le Sinaï le 7 juillet.
En septembre, une attaque de l'EI contre un convoi policier dans le Sinaï avait fait 18 morts.
Plus récemment, le 13 octobre, six soldats égyptiens été tués par "des éléments terroristes" dans une attaque dans le nord du Sinaï, selon l'armée.
- Etat d'urgence -
De son côté, le groupe extrémiste Hasm a revendiqué depuis 2016 plusieurs attentats contre la police, des responsables et des juges, au Caire.
Dans leurs revendications, ces groupes n'ont jamais fait état d'une affiliation aux Frères musulmans.
Sous l'effet d'une sévère répression, ce mouvement qui fut longtemps la principale force d'opposition en Egypte, s'est divisé en plusieurs tendances rivales, partagées entre partisans et adversaires du recours à la violence.
L'EI en Egypte, à la différence de l'Irak ou la Syrie, n'a pas été en mesure de s'emparer de centres urbains. Il mène des attaques contre les forces de sécurité mais aussi contre la minorité chrétienne copte.
Entre fin 2016 et avril 2017, plus d'une centaine de Coptes ont été tués dans trois attaques au Caire, à Alexandrie et à Tanta (nord de l'Egypte).
Le président égyptien a prolongé pour trois mois, à compter du 12 octobre, et pour la deuxième fois l'état d'urgence déclaré en avril. Son régime est très critiqué par les défenseurs des droits de l'Homme qui estiment qu'il a muselé toute forme d'opposition.
Avec AFP