Quatre hauts responsables de l'appareil de sécurité américain ouvriront le bal mercredi matin à 14H00 GMT devant la commission du Renseignement du Sénat: les directeurs du Renseignement Dan Coats, de l'agence d'espionnage NSA Mike Rogers et du FBI par intérim Andrew McCabe, ainsi que Rod Rosenstein, numéro deux du département de la Justice.
L'audition sera publique.
Les élus voudront faire le point sur l'enquête sur la grande campagne de piratage et d'influence russe durant la campagne présidentielle, mais aussi sur son volet le plus sensible: une éventuelle coordination entre des proches de M. Trump et Moscou.
Il n'est pas certain que tous puissent ou souhaitent commenter une affaire aussi sensible et partiellement classifiée, a fortiori depuis qu'un procureur spécial, Robert Mueller, l'a prise en main.
Mais MM. Coats et Rogers seront interrogés en particulier sur des pressions personnelles qu'aurait exercées sur eux M. Trump. Selon le Washington Post, il leur aurait demandé en mars de le défendre publiquement face aux accusations de collusion, ce qu'ils auraient refusé afin de ne pas s'ingérer publiquement dans une enquête en cours.
En direct dans les bars
Leur audition servira de prélude à l'événement de la semaine: la venue, jeudi matin devant les mêmes élus, de James Comey, limogé le 9 mai de la tête de la police fédérale.
"Je me félicite que ce soit une audition publique", a dit le chef des démocrates du Sénat, Chuck Schumer. "Il faut qu'il dise tout. Sur un sujet aussi grave, les Américains méritent d'entendre toute la vérité, rien que la vérité".
L'audition de M. Comey, qui aura lieu dans une immense salle, sera exceptionnellement retransmise sur les chaînes généralistes ABC, CBS et NBC, en plus des chaînes d'information.
La chaîne CNN affichait ainsi dès mardi son célèbre compte à rebours. Des bars de la capitale fédérale ouvriront le matin pour diffuser le grand oral.
James Comey est appelé à confirmer si, oui ou non, le président américain a fait pression sur lui pour orienter ou faire classer des pans de l'enquête du FBI.
Des notes écrites par M. Comey et ayant fuité dans la presse indiquent que le président a franchi une ligne rouge en lui demandant d'abandonner l'enquête sur Michael Flynn, son ex-conseiller à la sécurité nationale, ce qui ressemblerait à une tentative d'entrave de la justice, un délit qui, selon des élus, justifierait l'ouverture d'une procédure de destitution.
'Bonne chance'
Selon ABC et CNN, M. Comey ne devrait pas aller jusqu'à accuser le président d'obstruction, mais il aurait l'intention de démentir certains propos de M. Trump, qui a notamment affirmé en mai que l'ex-directeur l'avait assuré qu'il n'était pas concerné par les investigations. Le dirigeant a aussi sous-entendu qu'il avait des enregistrements de leurs conversations.
L'ancien chef du FBI se présentera comme un "témoin de faits", qui décrira ses échanges avec le président, et "laissera les analyses juridiques aux autres", selon une source anonyme proche de M. Comey citée par CNN.
"Au lieu de nous fonder sur des articles et des ouï-dire, nous allons demander au directeur, et les Américains pourront le regarder", a estimé l'un des 15 membres de la commission, le républicain Marco Rubio.
"La vraie question est de savoir quel Comey viendra. Celui qui trépigne d'envie pour révéler les coulisses des facéties imprévisibles et étranges de Trump, ou le flic taiseux qui préfère le no-comment", se demande le professeur de droit Jens David Ohlin à Cornell. Si c'est le premier personnage, dit-il, l'audition sera un "blockbuster".
M. Trump aimerait tourner la page de cette affaire, mais l'affaire russe paralyse sa présidence.
En plus de l'enquête supervisée par Robert Mueller, qui vise à identifier d'éventuels délits, le Congrès mène ses propres investigations, convoquant des témoins et exigeant la production de documents. A ce stade, toutefois, aucune collusion n'a été démontrée publiquement.
Interrogé sur l'audition de James Comey, M. Trump a répondu mardi: "Je lui souhaite bonne chance".
Avec AFP