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L'argentier australien du Vatican inculpé pour pédophilie clame son innocence


Le cardinal George Pell, après une réunion avec des victimes d'abus sexuels, Rome, Italie, le 3 mars 2016.
Le cardinal George Pell, après une réunion avec des victimes d'abus sexuels, Rome, Italie, le 3 mars 2016.

L'argentier du Vatican, le cardinal australien George Pell, inculpé jeudi en Australie pour de multiples sévices sexuels sur enfants, a catégoriquement rejeté ces accusations devant la presse avant d'annoncer son intention de rentrer dans son pays pour affronter la justice.

"Je suis innocent, ces accusations sont fausses", a martelé M. Pell dans une courte déclaration lue devant la presse au Vatican, en annonçant prendre un congé provisoire du Vatican pour se défendre.

"J'ai hâte d'avoir enfin l'occasion d'aller devant un tribunal", a-t-il affirmé.

Le Saint-Siège a pour sa part accepté "le congé" du numéro trois du Vatican, sans exiger sa démission, dans un communiqué louant les qualités du cardinal en charge depuis trois ans de réformer la gestion des affaires économiques au sein de la Curie (gouvernement du Saint-Siège).

Plus haut représentant de l'Eglise catholique en Australie, le prélat de 76 ans est le ministre de l'Economie du Vatican, et par conséquent le plus éminent ecclésiastique mis en cause dans une affaire de pédophilie.

Il avait été interrogé à Rome par la police australienne en octobre.

"La police (de l'Etat) de Victoria a inculpé George Pell pour des délits d'agressions sexuelles anciennes", a déclaré à la presse le commissaire adjoint Shane Patton. "Il y a de nombreux plaignants liés à ces accusations".

M. Pell est convoqué selon M. Patton le 18 juillet devant le tribunal de première instance de Melbourne (sud-est de l'Australie) pour y être entendu.

L'officier n'a donné aucune précision sur les faits pour lesquels le cardinal est inculpé. M. Patton n'a répondu à aucune question des journalistes, soulignant la nécessité de préserver l'intégrité de la procédure judiciaire.

'In dubio pro reo'

L'avocat de deux hommes qui ont porté plainte contre Mgr Pell a affirmé que ses deux clients, qui souhaitent conserver l'anonymat, étaient "ravis".

"Cela a été très dur pour eux d'oser sortir du rang", a déclaré Ingrid Irwin au Melbourne Herald Sun. "Accuser quelqu'un qui pour certains n'est autre que l'adjoint de Dieu leur a créé beaucoup de problèmes."

L'annonce de cette inculpation coïncide avec la fin d'une longue enquête nationale portant sur les réponses institutionnelles apportées en Australie aux abus sexuels commis sur des enfants, finalement demandée par le gouvernement en 2012 après une décennie de pressions de la part des victimes.

La commission d'enquête royale ayant conduit pendant quatre ans ces investigations a recueilli des témoignages éprouvants de milliers de victimes.

L'avocate présidant ces travaux, Gail Furness, avait annoncé en février que 4.444 faits de pédophilie avaient été signalés aux autorités de l'Eglise australienne et qu'entre 1950 et 2010, "7% des prêtres étaient des auteurs présumés" d'abus sexuels sur des enfants.

La moyenne d'âge des victimes était de 10 ans pour les filles et de 11 ans pour les garçons. Des 1.880 pédophiles présumés, 90% étaient des hommes.

Le cardinal Pell avait été entendu trois fois dans ce cadre et a reconnu devant la commission d'enquête avoir "failli" dans sa gestion des prêtres pédophiles dans l'Etat de Victoria dans les années 1970.

L'ecclésiastique avait été ordonné prêtre en 1966 à Rome, avant de revenir en Australie en 1971 où il avait gravi les échelons de la hiérarchie catholique.

Nommé archevêque de Melbourne en 1996, puis de Sydney en 2001, il avait été accusé en 2002 d'abus sexuels pour des faits présumés très anciens mais avait été innocenté par la suite.

Il avait été choisi en 2014 par le pape François pour mettre davantage de transparence dans les finances du Vatican.

Interrogé sur les soupçons pesant sur le cardinal Pell, le pape avait en août 2016 mis en avant la présomption d'innocence.

"Il ne serait pas correct de juger avant la conclusion de cette enquête", avait-il dit lors d'une conférence de presse. "Il y a des doutes, et +in dubio pro reo+ (le doute doit profiter à l'accusé). Nous devons éviter tout procès médiatique, un procès qui s'appuie sur les ragots."

Avec AFP

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