Kim Jong-Nam, 45 ans, fils aîné du dirigeant défunt Kim Jong-Il qui vivait depuis des années en exil, a vraisemblablement été empoisonné lundi par deux femmes qui auraient pris la fuite en taxi.
Certains médias ont évoqué des aiguilles empoisonnées, d'autres parlent d'un liquide lancé au visage de la victime.
Ce meurtre, à quelques jours des célébrations en Corée du Nord de la naissance de Kim Jong-Il, a été présenté par Séoul comme une preuve de "la brutalité et la nature inhumaine" du régime de Pyongyang.
De son côté, la police malaisienne examine notamment les enregistrements de vidéo-surveillance pour comprendre ce qui s'est passé lundi matin à l'aéroport.
"Il a dit à l'accueil du hall des départs que quelqu'un l'avait attrapé par derrière au visage et l'avait aspergé d'un liquide", a déclaré le chef de la police criminelle de l'Etat de Selangor, Fadzil Ahmat, selon le journal malaisien The Star.
"Il a demandé de l'aide et a immédiatement été envoyé à la clinique de l'aéroport. A ce moment-là, il disait souffrir de maux de tête et semblait sur le point de s'évanouir", a-t-il dit.
"A la clinique, il a été victime d'une crise cardiaque. Il a été placé dans une ambulance et était en route vers l'hôpital de Putrajaya quand son décès a été prononcé".
Visiter Disneyland
Mercredi, sa dépouille a été conduite sous escorte à l'hôpital de Kuala Lumpur, où des légistes tenteront d'éclaircir les circonstances de ce décès.
Le ministère sud-coréen de l'Unification a confirmé que la victime était bien Kim Jong-Nam, qui fut un temps pressenti comme l'héritier du régime de Pyongyang.
Mais il était tombé en disgrâce après une bourde monumentale en 2001 quand il avait été arrêté à l'aéroport de Tokyo avec un passeport falsifié de la République dominicaine. Il aurait alors affirmé qu'il voulait visiter Disneyland.
Après cette mésaventure, Kim Jong-Nam avait vécu de fait en exil avec sa famille, à Macao, Singapour ou en Chine. Il se disait qu'il se rendait souvent à Bangkok, à Moscou et en Europe.
Vers la fin du règne de son père, il s'était montré critique quant à la succession dynastique à la tête du régime nord-coréen. Il avait en outre émis de sérieux doutes quant aux capacités de son demi-frère quand celui-ci avait pris le pouvoir fin 2011.
Les annonces de purges, d'exécutions et de disparitions --certaines étant confirmées, d'autres non-- sont depuis lors fréquentes.
Et Kim Jong-Nam avait écrit en 2012 à Kim Jong-Un pour l'implorer de l'épargner, lui et sa famille, ont affirmé mercredi des députés sud-coréens après une rencontre avec le patron des renseignements du Sud.
'Paix' et 'Amitié'
"S'il est confirmé, le meurtre de Kim Jong-Nam serait un exemple qui démontrerait la brutalité et la nature inhumaine du régime nord-coréen", a dit le président sud-coréen par intérim Hwang Kyo-Ahn, selon son porte-parole.
Il s'agit du plus haut personnage assassiné sous le règne de Kim Jong-Un depuis l'exécution en décembre 2013 de l'oncle du jeune leader nord-coréen, Jang Song-Thaek, un temps numéro deux officieux du régime.
Soumis à une pression internationale croissante à propos des programmes nucléaire et balistique nord-coréens, Kim Jong-Un cherche à renforcer son pouvoir.
Lundi, le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné à l'unanimité --y compris la Chine, principale alliée de Pyongyang-- le tir de missile effectué dimanche par la Corée du Nord.
De l'avis de Cheong Seong-Jang, chercheur à l'Institut Sejong, groupe de réflexion à Séoul, il est "impensable" que le meurtre ait été commis sans un ordre direct de Kim Jong-Un.
Cet assassinat, a-t-il estimé, a probablement été motivé par de récentes informations selon lesquelles Kim Jong-Nam aurait cherché depuis 2012 à faire défection aux Etats-Unis, en Union européenne ou en Corée du Sud.
A Pyongyang, les célébrations ont débuté en prévision de l'anniversaire jeudi de la naissance de Kim Jong-Il, mais sans que personne ne mentionne la fin tragique de son fils aîné.
Près de 3.000 fonctionnaires en uniforme et femmes en robes traditionnelles se sont notamment rassemblés pour un spectacle de patinage artistique.
"Paix", "Indépendance", "Amitié", pouvait-on lire sur des bannières suspendues autour de la patinoire.
Avec AFP