L’éditeur de Sports Illustrated (SI), The Arena Group, a annoncé vendredi 19 janvier 2024 aux employés, l’exécution prochaine d’un plan de licenciement massif au sein de la rédaction. Cela concerne, selon la branche new-yorkaise du syndicat de la presse américaine, la NewsGuild, « un nombre important, possiblement tous les employés » syndiqués. Soit environ 80 personnes sur un peu plus de 100 travailleurs au total.
En cause, la résiliation de la licence d’exploitation du titre par The Arena Group après l’échec de celui-ci à honorer ses redevances annuelles – environ 15 millions de dollars – vis-à-vis d’Authentic Brands Group (ABG), la maison-mère de SI.
Descente aux enfers
ABG s’est engagé à « préserver l'intégrité complète de l'héritage de la marque » au terme des discussions en cours avec l’éditeur afin d’aboutir à un nouvel accord de licence. Mais nul ne saurait dire avec certitude ce qu’il adviendra de Sports Illustrated dans les prochains mois. « C’est un autre jour difficile dans ces quatre dernières années sous la direction de The Arena Group », a déclaré la NewsGuild, faisant échos aux difficultés du magazine depuis dix ans. Créé en 1954, le média a pâti de l’émergence de la presse en ligne.
Son audience a ainsi décru progressivement, obligeant la diffusion à passer d'hebdomadaire à bimensuel en 2018, puis à un mensuel deux ans plus tard. Plus récemment, une enquête a révélé fin novembre que des articles avaient été publiés sous de faux noms d’auteur à l’aide d’intelligence artificielle sur le site du journal.
Un géant de la presse sportive
De quoi entacher la réputation de ce titre de la presse autrefois particulièrement influent. "Je n'ai pas vraiment compris à l'époque ce que ça signifiait d'être en couverture de Sports Illustrated. Cela m'a poussé sur la scène nationale, que j'y sois prêt ou non", a témoigné LeBron James en 2017, 15 ans après que son portrait "The Chosen One" (L’élu) ait fait la Une du magazine.
De Muhammad Ali à Michael Jordan en passant par Tiger Woods, tant d’autres athlètes devenus plus tard des stars planétaires ont fait la couverture de ce magazine. « Sports Illustrated était tout simplement le meilleur endroit où j'ai jamais travaillé. C'est ma publication préférée de tous les temps. L’idée qu’il puisse mourir est inconcevable », regrette Jeff Pearlman, auteur à succès du New York Times, qui a collaboré avec SI entre 1996 et 2003.
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