Le Gabon abrite à lui seul entre 65 % et 70 % de tous les éléphants de forêt africains aujourd'hui, ce qui en fait le premier reservoir mondial, selon Lee White, ministre des Eaux et forêts.
La déclaration de M. White, un Gabonais originaire d'Écosse, fait suite à la publication d'une enquête estimant à 95 000 têtes le nombre d'éléphants de forêt en vie dans le pays.
Menée par la Wildlife Conservation Society (WCS), basée à New York, et l'Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN) du Gabon, l'enquête montre que ce pays d'Afrique centrale d'environ 2,3 millions d'habitants est le "dernier bastion" mondial de ces créatures.
S'il est vrai que l'Afrique centrale compte le plus grand nombre d'éléphants de forêt au monde, force est de reconnaître que ces pachydermes ont presque été décimés ailleurs dans la région du bassin du Congo, en proie au braconnage, aux conflits et à la déforestation.
La particularité de cette dernière enquête menée au Gabon est qu'elle constitue la toute première évaluation nationale basée sur l'ADN d'un grand mammifère vivant librement en Afrique.
Contrairement à leurs cousins de la savane, plus grands, qui parcourent en abondance les plaines d'Afrique australe, la plupart des éléphants de forêt vivent dans des forêts denses, ce qui rend leur comptage laborieux.
Les chercheurs ont donc développé un procédé à travers lequel ils collectent du matériel génétique dans les excréments des éléphants.
Pendant trois ans, des équipes de recherche ont passé un mois dans la brousse, parcourant environ 12 kilomètres par jour pour trouver des échantillons de matières fécales d'éléphants.
Triomphe de la science
Ces échantillons ont été placés dans de petits tubes à essai et transportés dans un laboratoire gouvernemental d'analyse génétique de la faune situé dans la capitale, Libreville, où les scientifiques ont extrait l'ADN d'environ 2 500 échantillons collectés dans tout le pays.
"Nous avons constaté que les éléphants étaient répartis sur près de 90% de la surface totale du pays", a déclaré Emma Stokes, directrice régionale de WCS pour l'Afrique. "C'est très inhabituel", a-t-elle ajouté.
Il s'agit du tout premier recensement national des éléphants au Gabon depuis 30 ans.
Les enquêtes précédentes reposaient sur le comptage des excréments, qui peut être plus coûteux, plus difficile et moins fiable que l'échantillonnage de l'ADN, qui permet d'identifier les doublons.
Comment éviter le conflit homme-éléphant
Tout en saluant le travail fourni dans le domaine de la conservation, John Poulsen, professeur d'écologie tropicale à la Nicholas School of the Environment de l'université Duke, appelle les autorités gabonaises à se pencher sur la question du conflit homme-éléphant. En particulier, il met l'accent sur le pillage des plantations par les pachydermes.
Le ministre Lee White est d'accord.
Ces conflits tuent environ 10 personnes par an, a admis le ministre White dans un entretien en marge de la conférence COP26 à Glasgow.
"Quand je vais dans les zones rurales du Gabon, je vois beaucoup de personnes en colère qui me crient dessus parce que les éléphants ont mangé leurs cultures et, tragiquement, ont même parfois tué leurs proches", conclut-il.
Avec Associated Press.