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Avec Trump, la campagne américaine s'ancre dans la violence


Les agents des services secrets protégéant le candidat présidentiel républicain , l’homme d'affaires Donald Trump , sur la scène après qu'un homme a tenté de violer le cordon de sécurité à son événement de campagne à la Wright Brothers Aero Hangar samedi , 12 Mars , 2016, à Vandalia , Ohio.
Source : Afp
Les agents des services secrets protégéant le candidat présidentiel républicain , l’homme d'affaires Donald Trump , sur la scène après qu'un homme a tenté de violer le cordon de sécurité à son événement de campagne à la Wright Brothers Aero Hangar samedi , 12 Mars , 2016, à Vandalia , Ohio. Source : Afp

A force de jouer les gladiateurs, Donald Trump transforme l'arène politique américaine en jeux du cirque : ses adversaires l'accusent d'avoir libéré des pulsions délétères et les coups bas vont redoubler selon les experts.

"Je m'attends à une forte augmentation des tensions et de la violence lors des prochains rassemblements politiques", confie à l'AFP Steffen Schmidt, professeur de sciences politiques à l'université de l'Iowa.

Dans la longue joute présidentielle qui consterne déjà bien des observateurs, ce week-end du 11 au 13 mars restera en effet comme celui d'une nouvelle détérioration très nette de la qualité du débat.

Cela a débuté par des échauffourées et l'annulation d'un meeting de Trump vendredi soir à Chicago; puis, samedi matin, un homme tentait de sauter sur la scène d'une réunion de campagne du candidat républicain dans l'Ohio, forçant l'intervention des agents du Secret service; quelques heures plus tard, les policiers aspergeaient de gaz lacrymogène des manifestants anti-Trump à Kansas city.

La campagne semble donc virer à la foire d'empoigne, avec des débordements parfois racistes se cristallisant autour des déplacements du milliardaire.

Donald Trump a de son côté menacé dimanche d'envoyer ses militants perturber les réunions politiques de son rival démocrate Bernie Sanders.

Est-ce à dire que les heurts, les injures, les gardes du corps et les matraques policières seront désormais les éléments de décor incontournables de la présidentielle 2016 ? Certains le craignent ouvertement.

"Trump a allumé un incendie. Peut-il être maîtrisé ?", se demande ainsi le Washington Post dans un commentaire.

- 'Nez en sang et fractures' -

"Les partisans de Trump vont désormais aller aux événements de Sanders pour les perturber. Puis les partisans de Sanders riposteront et il y aura pas mal de nez en sang et de fractures osseuses", prédit le professeur Schmidt.

Avec ses diatribes contre Washington, ses injures visant ses rivaux -- le "petit" Marco Rubio et le "menteur" Ted Cruz --, ses stigmatisations des musulmans et des hispaniques, Donald Trump se voit reprocher d'attiser les haines et d'enhardir ses partisans.

"Sa rhétorique incite les débordements brutaux à ses rassemblements", a dénoncé dimanche dans un éditorial le Washington Post.

La semaine dernière, un homme de 78 ans, John McGraw, a brusquement frappé un manifestant noir lors d'un meeting de Trump en Caroline du Nord. "J'ai aimé ça, lui clore sa grande bouche", a ensuite déclaré l'agresseur. "La prochaine fois, il nous faudra peut-être le tuer".

M. Trump a refusé d'endosser toute responsabilité dans cette affaire et a continué d'assurer que ses meetings étaient non violents, même si lui-même flirte en permanence avec les lignes rouges.

"J'aimerais lui balancer mon poing dans la figure", a-t-il ainsi asséné au sujet d'un homme qui l'avait interrompu dans son discours.

M. Trump a par ailleurs justifié les excès de certains de ses partisans au nom de la "colère" qu'ils auraient le droit de ressentir.

Pas étonnant dans ces conditions que les lieux de déplacement du milliardaire deviennent le rendez-vous de militants antiracistes et libertaires, ou de défenseurs des sans papiers.

- Le génie s'est échappé -

"Trump attire les protestataires typiques --qui ne sont pas des militants de Bernie Sanders--, les gens en marge et les militants purs et durs qui veulent en découdre", explique à l'AFP le politologue Mac McCorkle.

"C'est un peu comme le génie de la lampe: je pense que ces manifestants vont continuer à se rendre à ses meetings, mais on ignore comment les remettre dans la lampe", poursuit-il.

Il était jusqu'alors fréquent que les réunions de campagne du magnat de l'immobilier soient interrompues par un ou plusieurs contestataires, invariablement expulsés de la salle.

Mais à Chicago vendredi ils étaient des milliers. M. Trump a dénoncé des "agitateurs professionnels" auteurs d'une "attaque planifiée".

A la suite de quoi le président Barack Obama a appelé les candidats à rejeter les "insultes et les sarcasmes de cour d'école".

En tête de la course dans le camp démocrate, Hillary Clinton a pour sa part reproché à M. Trump d'avoir un comportement de "pyromane".

Le candidat républicain et gouverneur de l'Ohio John Kasich a, lui, accusé M. Trump de "créer un climat toxique".

Pour le professeur McCorkle, cette stratégie de l'outrance pourrait valoir à Trump des "gains à court terme". Un nombre important de délégués sont offerts au vote dans cinq Etats cette semaine, pour le deuxième "super mardi" des primaires. Mais pas à long terme, c'est-à-dire après les conventions d'investiture de cet été.

Si Hillary Clinton se retrouvait alors face à Trump dans la confrontation finale, le professeur Schmidt prédit "la campagne présidentielle la plus vacharde depuis celle de Thomas Jefferson" au début du XIXe siècle.

Avec AFP

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