L'ancienne ministre béninoise Reckya Madougou, mise en examen et écrouée à Cotonou en mars pour "terrorisme" quelques semaines avant l'élection présidentielle, va déposer vendredi une demande de remise en liberté, a-t-on appris auprès de l'un de ses avocats.
"Je dépose cet après-midi une demande de remise en liberté à la Criet (Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, NDLR) après avoir travaillé avec ma cliente hier et constaté que rien dans le dossier ne justifiait les conditions indignes et dégradantes qui sont celles qu'on (lui) fait subir", a déclaré Mario Stasi, son avocat français en déplacement à Cotonou.
Il dénonce notamment des conditions "proches de l'isolement", quasiment sans droit de visite, "sans accès au téléphone, à une télévision ou à une radio".
"Un contrôle judiciaire avec des obligations serait largement suffisant" et "ne s'oppose bien évidemment pas à la poursuite d'une instruction", assure-t-il.
Mme Madougou, dont la candidature à la présidentielle du 11 avril avait été recalée, avait été arrêtée lors de la campagne pour l'élection présidentielle d'avril, au terme de laquelle le président Patrice Talon a été réélu pour un second mandat avec plus de 86% des voix.
L'opposante est accusée d'avoir voulu faire assassiner des personnalités politiques pour empêcher la tenue du scrutin et de "déstabiliser" le pays.
Moins d'une semaine avant le scrutin, un juge de la Criet avait fui le pays et dénoncé des pressions exercées par le pouvoir notamment dans l'incarcération de Mme Madougou.
La Criet est une Cour spéciale mise en place par le pouvoir et accusée par ses détracteurs de servir d'instrument judiciaire pour museler l'opposition.
Patrice Talon, richissime homme d'affaires ayant fait fortune dans le coton, élu une première fois en 2015, est accusé d'avoir engagé le Bénin dans un tournant autoritaire.
Les principales figures de l'opposition au Bénin sont pour la plupart en exil.
Un autre opposant, dont la candidature à la présidentielle avait également été recalée, est aussi derrière les barreaux.
Il s'agit de l'universitaire Joël Aïvo arrêté au lendemain du scrutin, accusé quant à lui "d'atteinte à la sûreté de l'Etat".