Dans la nuit du 2 au 3 juin, une énorme tempête a fait tomber "l'arbre aux enchères" de Ouidah, où se discutait le prix des prisonniers avant qu'ils ne soient embarqués vers le continent américain entre les XVIIe et XIXe siècles.
Cet arbre était l'une des étapes de leurs circuit avant départ, tout comme un autre, "l'arbre de l'oubli", dont les esclaves devaient faire plusieurs le tour pour oublier leurs origines.
Outre son histoire liée à l’esclavagisme, Ouidah, un port situé à une quarantaine de km de la capitale Cotonou, est aussi le coeur de la religion vaudou au Bénin.
Pour Oscar Kptenon, dignitaire du culte vaudou et également guide touristique, la chute de cet arbre hautement symbolique n'est pas normale. "Il nous faut des explications", indique-t-il. "Cet arbre a subi de nombreuses tempêtes mais n'a jamais cédé, il y a anguille sous roche", estime-t-il.
La ville est promue par le gouvernement comme un site touristique de premier plan, notamment auprès des descendants d'esclaves, et plusieurs monuments commémoratifs de la traite la jalonnent.
Une arche baptisée, la "Porte du non-retour", a été érigée en mémoire de ceux qui, depuis la plage de Ouidah, ont été embarqués à destination du Nouveau Monde.
"Nous venons de perdre un symbole emblématique, un témoin vivant de toute l'histoire de la traite des esclaves vient de céder sous nos yeux", souligne pour sa part Tognon Adjovi, résident de Ouidah.
"Il ne s'agit pas d'une chute ordinaire. L'arbre s'est littéralement fendu en deux", confie à l'AFP sous anonymat l'un des dignitaires de la ville, en disant vouloir faire "toute la lumière" dessus et sans plus de précisions.
Pour Mathias Kpehounton, banquier à la retraite de 56 ans, il est "normal qu'un arbre de cet âge finisse par céder sous une forte pluie".
Emilien Adjovi, un employé dans l'hôtellerie de 38 ans, voit dans cette chute la conséquence de la "négligence" des autorités locales et gouvernementales, coupables selon lui d'un "manque d'entretien et d'attention" envers l'arbre.
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