"Depuis que j’ai quitté le collège et le lycée, je ne suis pas trop dans les livres, dans les bouquins", explique Assane Diop.
Comme plusieurs de ses camarades, cet étudiant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, ne lit pas autant que souhaité, avouant que la lecture demande un temps qu’il n’a pas.
"C’est un manque de temps parce que pour prendre un ouvrage et le lire intégralement, il faut vraiment du temps. Parce que c’est (généralement) plus d’une centaine de pages (à parcourir). Je pense que c’est le problème, c’est un manque de temps", soutient l'étudiant.
D'aucuns reconnaissent que l’avancée de la technologie a pris le pas sur la lecture.
"Il faut avouer quand même que depuis un moment, avec tout ce qui est réseaux sociaux, tout ce qui est internet, la lecture prend de moins en moins de place dans notre quotidien, surtout pour ceux qui sont de jeunes travailleurs. Nous sommes dans un système où l'entreprise, en tout cas là où je travaille, vous prend 8 à 9 heures de travail et quand vous rentrez, vous êtes souvent sur internet, et on s’intéresse de moins en moins à la littérature", se défend un jeune fonctionnaire.
Plusieurs enseignants se désolent du désamour des jeunes envers la lecture.
M. Bèye, professeur de français, estime que plusieurs facteurs sont à l’origine de cette situation.
"La question de l’édition, la question de la distribution, la question de la disponibilité même du livre, l’accès même au livre. Dans les écoles, nous avions traditionnellement les bibliothèques. Et même au niveau de grandes villes, ce qu’on appelait les centres culturels. Tout cela a presque disparu. Ensuite, il y a aujourd’hui la concurrence de nouveaux médias comme internet, le téléphone portable avec les connexions qui sont facilitées, etc. Avant, on parlait de la télévision mais je pense qu’aujourd’hui la télévision n’est plus une concurrente gênante pour la lecture", avance M. Bèye.
Les parents d’élèves sont également conscients de cette réalité. Nourou Thiam, analphabète, encourage les membres de sa famille à lire. Pour lui, le savoir est dans les livres.
"J’ai des petits mais ils ne lisent presque pas. Voilà pourquoi je les oblige à lire durant les vacances scolaires. C’est mieux que de passer son temps à faire la fête et aller à la plage par exemple. Nous devons inciter nos cadets à lire. Tout est dans la connaissance livresque", souligne M. Thiam.
La lecture joue un rôle primordial dans notre quotidien. De nombreux auteurs africains sont méconnus du grand public. Les innovations annoncées pour y remédier ne sont toujours pas effectives et les jeunes s’intéressent plus à la technologie.