C'est le premier clasico depuis 2008 qui n'a aucun enjeu comptable en Liga, entre un Barça déjà champion et un Real déjà qualifié pour la prochaine Ligue des champions et davantage tourné vers sa troisième finale de C1 d'affilée, le 26 mai à Kiev.
"Comme le championnat est décidé, il y a moins d'effervescence", a reconnu l'entraîneur madrilène Zinédine Zidane, qui veut en profiter pour "se préparer à jouer avec intensité" avant la finale contre Liverpool.
Pourtant, sur fond de crise politique persistante en Catalogne, ce choc au Camp Nou entre le club catalan et l'équipe de la capitale reste éminemment symbolique. Et le Barça, en passe de devenir la première équipe moderne à achever la Liga sans la moindre défaite, compte honorer Iniesta, qui s'en ira cet été après 22 années au club.
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Comme à chaque fois, ce clasico oppose les meilleurs joueurs du monde, avec un alléchant duel de quintuples Ballons d'Or entre Lionel Messi et Cristiano Ronaldo.
Et comme à chaque fois, cette confrontation centenaire est assortie d'inévitables polémiques. Avec un mot-clé: "pasillo", traditionnelle haie d'honneur offerte à un club récemment champion par son adversaire au match suivant.
Un 'pasillo' pour Iniesta ?
Le Barça la mériterait après avoir conquis le titre le week-end dernier à La Corogne (4-2), mais le Real s'y refuse... tout comme les Barcelonais avaient refusé un tel hommage aux Madrilènes, tout frais champions du monde des clubs, lors du match aller fin décembre au stade Santiago-Bernabeu (0-3).
"Il me semble que cette pratique a été un peu dénaturée", a commenté avec sagesse l'entraîneur barcelonais Ernesto Valverde. "Il ne reste qu'un sentiment étrange, surtout quand on en parle entre le Real et le Barça ou d'autres équipes rivales. Il y a toujours un esprit de revanche, on dirait que les gens cherchent à ce que l'adversaire soit humilié en t'applaudissant."
Le "pasillo" est néanmoins revenu dans le débat sous une autre forme: offrir une haie d'honneur à Iniesta (34 ans vendredi prochain), icône du football espagnol depuis son but en finale du Mondial-2010.
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Dans une rare unanimité de vues, le quotidien barcelonais Mundo Deportivo et le journal madrilène Marca ont chacun évoqué cette hypothèse, tandis qu'un mot-clé "UnPasilloPourIniesta" circulait sur les réseaux sociaux.
La fin d'une époque
Le fait qu'Iniesta participe à son dernier clasico est d'ailleurs vécu comme la fin d'une époque en Espagne. "L'idylle entre Iniesta et Barcelone est sur le point de s'achever mais avant, il reste un dernier bal contre Madrid", a résumé La Vanguardia, le grand quotidien généraliste catalan.
Malgré un pépin physique (mollet) cette semaine, "Don Andrés" devrait être sur la pelouse du Camp Nou dimanche soir pour son 38e clasico (16 victoires, 9 nuls, 12 défaites).
Et tous se souviennent de ses grandes soirées face au Real, le 6-2 de 2009, la "manita" (petite main, ou 5-0) de 2010 ou le 4-0 de 2015 au Bernabeu avec un but du milieu au teint pâle, qui avait précipité l'arrivée de Zidane sur le banc début 2016.
"C'est un joueur que nous admirons", a souligné le technicien français samedi. "Nous savons tous ce que représente Iniesta. On va simplement le saluer, le féliciter et lui souhaiter bonne chance pour l'avenir."
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Bref, alors que les Madrilènes veulent se roder à balles réelles avant de briguer un triplé européen historique, les Barcelonais, invaincus depuis 41 matches en Liga (record d'Espagne), seront surmotivés à l'idée d'offrir la victoire à leur capitaine.
"J'aurais aimé que tout cela soit éternel, que cela ne finisse jamais", a joliment dit Andrés Iniesta. "Mais tout a un début, et tout a une fin."
Avec AFP