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Bemba, roi ou faiseur de roi du processus électoral


L'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba dans la salle d'audience de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye le 21 juin 2016.
L'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba dans la salle d'audience de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye le 21 juin 2016.

L'acquittement et la remise en liberté de l'ex-vice-président congolais Jean-Pierre Bemba viennent compliquer les rapports de force d'un processus électoral déjà explosif en République démocratique du Congo où l'ancien chef de guerre compte des millions de soutiens.

La décision de la Cour pénale internationale (CPI) intervient à un mois et demi du dépôt des candidatures à l'élection présidentielle prévue le 23 décembre pour remplacer le président Joseph Kabila arrivé au terme de son deuxième et dernier mandat en décembre 2016.

Le président ne donne aucun signe de vouloir décrocher ni de chercher activement un dauphin, malgré une récente déclaration à Montréal de son Premier ministre issu de l'opposition, Bruno Tshibala, jurant qu'il ne sera pas candidat.

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Adversaire de Kabila à l'élection présidentielle de 2006, Bemba va de l'avis général rejouer un rôle sur la scène politique congolaise, au moment où l'opposition affirme se chercher un candidat unique.

"Connaissant son égo, il ne voudra jamais se mettre derrière un autre candidat. Jean-Pierre voudra être investi roi", avance même un ancien de sa milice, le Mouvement de libération du Congo (MLC), devenu depuis très proche du président Kabila.

Le MLC, transformé en parti politique, tient son congrès en juillet. "Notre président sera là", avait prévenu bien avant l'acquittement de M. Bemba la secrétaire générale de son parti, Eve Bazaïba.

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Interrogée sur les intentions politiques de Bemba: "Rendez-vous le 12 et 13 juillet 2018 à l'issue du congrès du MLC", a-t-elle répondu.

Populaire dans sa région d'origine, l'Équateur (nord-ouest), dans le Bas-Congo mais aussi à Kinshasa où il avait obtenu 70% des suffrages à la présidentielle de 2006, M. Bemba est courtisé par les ténors de l'opposition depuis son acquittement-surprise vendredi dernier.

Originaire du Katanga (est), l'opposant en exil Moïse Katumbi compte avancer "ensemble avec Jean-Pierre Bemba" en vue de présenter une candidature commune à la présidentielle, a-t-il répété via un message Skype sur écran géant à ses supporteurs réunis samedi dernier à Kinshasa.

"Bloc solide"

Né dans le Kasaï (centre-ouest), le leader-candidat du parti historique d'opposition UDPS Félix Tshisekedi juge aussi qu'un éventuel retour de M. Bemba représente un "renfort considérable".

"Nous comptons constituer un bloc solide avec Jean-Pierre Bemba et Félix Tshisekedi pour libérer nos frères de l'est", ajoute Adolphe Muzito, ex-Premier ministre passé à l'opposition, héritier autoproclamé du héros de l'indépendance Patrice Lumumba.

MM. Bemba et Muzito se sont entretenus "franchement" à la Haye trois jours avant l'acquittement de l'ex-chef de guerre et ancien vice-président, selon le lumumbiste.

>> Lire aussi : Les souvenirs à vif des victimes centrafricaines des "Banyamulenge" de Jean-Pierre Bemba

"En 2006, nous avions voté Bemba par défaut parce que l'UDPS ne participait pas aux élections. Soit Bemba s'aligne derrière notre candidat Félix Tshisekedi, soit il joue le jeu de Kabila", prévient cependant Mfumu Sabata, rappeur très écouté des jeunes du parti historique d'opposition.

Rival du président Kabila à la présidentielle de 2006, M. Bemba avait quitté Kinshasa sous escorte blindée des Casques bleus en 2007, après de violents combats entre l'armée congolaise et sa milice, ayant causé une centaine de morts.

En 2007, l'ancien procureur général de la République Laurent Tshimanga Mukeba avait lancé un mandat contre Jean-Pierre Bemba pour ces violences et l'incendie des installations de la Cour suprême de justice.

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La majorité pro-Kabila adopte un ton plutôt apaisé depuis la décision des juges de La Haye en appel. "Cette libération est une fierté nationale. Jean-Pierre Bemba doit être accueilli au pays", a réagi Joseph Kokonyangi, ministre de l'Urbanisme et secrétaire général adjoint de la Majorité présidentielle.

"Nous n'avons jamais rompu le dialogue avec le MLC", déclare à l'AFP un proche collaborateur du chef de l'Etat, qui n'exclut pas "des discussions directes" pour "gouverner ensemble un jour".

Au MLC, le parti de M. Bemba, le ton est aussi à l'apaisement: "Il y a un temps pour se battre, il y a un temps pour construire ensemble", estime le sénateur Jacques Djoli, l'un des dirigeants influents.

"Tout le monde le convoite. Il doit faire profil bas et être conciliant avec le président Kabila pour éviter la reprise des poursuites judiciaires. En même temps, il doit ménager ses amis de l'opposition s'il veut réellement gagner", analyse un diplomate occidental fin connaisseur du pays.

Avec AFP

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