Le 29 novembre, la Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication béninoise (HAAC), a d'abord ordonné la coupure de l'émetteur de Radio Soleil, invoquant une "mesure conservatoire" pour des motifs administratifs, affirme RSF dans un communiqué.
Il a officiellement été reproché à la radio d'émettre à 20 km de son siège initial, explique l'ONG.
Quelques jours après la coupure de Radio Soleil, "la HAAC s'en est pris à trois autres stations: E-télé, Eden TV, et Sikka TV. Les trois chaînes ont été suspendues pour des motifs semblables", poursuit RSF.
Radio Soleil et Sikka TV appartiennent à Sébastien Adjavon, candidat malheureux à la dernière élection présidentielle qui a récemment été arrêté dans une affaire présumée de trafic de cocaïne.
Eden TV est la propriété de son ancienne directrice de campagne, devenue parlementaire. Quant à la chaîne E-télé, elle est réputée proche de l'ancien président Boni Yayi, lui aussi candidat à sa propre succession en mars dernier, selon RSF.
Reporters sans frontières dénonce des suspensions "décidées sans que les médias aient été avertis ni mis en garde afin de pouvoir régulariser leur situation".
"Il est difficile de ne pas voir là une décision politique" affirme Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de RSF, citée dans le communiqué, et qui dénonce une mesure "tout à fait disproportionnée" par rapport aux irrégularités reprochées.
RSF appelle les autorités "à ne pas s'engager sur la voie de la censure et de la répression alors que jusqu'à présent, le pays avait souvent été cité en exemple du respect de la liberté de la presse".
M. Adjavon, riche homme d'affaires franco-béninois, avait été arrêté le 28 octobre avec trois de ses employés après la découverte le matin sur le port de Cotonou de près de 14 millions d'euros de drogue dans un conteneur chargé de cartons de gésiers de dinde et destiné à sa société, Comon SA.
La gendarmerie avait déclaré à la presse avoir "trouvé dans le conteneur environ 18 kg de cocaïne pure d'une valeur estimée à environ 9 milliards de francs CFA".
M. Ajavon avait déclaré être victime d'un complot. Il avait été relaxé après une semaine de garde-à-vue pour "insuffisance de preuve" et "au bénéfice du doute".
L'homme d'affaires, qui préside le patronat béninois et est surnommé "le roi du poulet" pour avoir fait fortune dans l'agro-alimentaire, était arrivé troisième avec 22% des voix au premier tour de l'élection présidentielle de mars au Bénin.
Avec AFP