Dans une ambiance festive, Palestiniens et étrangers ont assisté en matinée, sous un soleil hivernal, au défilé de scouts habillés de bleu, jaune ou beige, paradant au son de cornemuses et tambours autour de la place de la Mangeoire, en face de la basilique.
Dans la basilique, des fidèles ayant fait le voyage jusqu'en Cisjordanie occupée depuis l'Italie, les Etats-Unis ou la Tanzanie ont longuement patienté pour visiter l'endroit exact où serait né Jésus. Ola, venue du Nigeria, s'est réjouie d'être à Bethléem pour ce "jour si spécial".
A 17H00, lorsque les portes de la basilique se sont fermées, ils étaient encore des centaines à attendre de pouvoir visiter l'exigüe grotte de la Nativité, fourmillant de visiteurs.
Peu après en être sorties, Andrea, une jeune Portugaise, et ses deux amies hongroises ont regardé les photos qu'elles y avaient prises. "On a attendu deux heures pour une minute seulement sur place, c'est très frustrant!", a regretté Andrea, en montrant les photos floues sur son mobile.
Alors qu'une nuit fraîche est tombée sur Bethléem, les abords directs de la basilique se sont vidés mais de nombreux Palestiniens, chrétiens et musulmans, et quelques touristes continuent de prendre des selfies devant le sapin de 15 mètres de haut qui trône sur la place de la Mangeoire, désormais illuminée de toute part.
- "Espoir" -
Cette année, les festivités sont marquées par le retour en Terre sainte d'un premier fragment du berceau de Jésus, arrivé à Jérusalem puis transféré fin novembre en grande pompe à Bethléem, après 1.300 ans en Europe.
"C'est important car il s'agit d'une partie de la structure de bois de la crèche originelle de Bethléem. Cette structure de bois avait quitté la Terre sainte vers l'an 640", selon la custode de Terre sainte, Francesco Patton.
Pierbattista Pizzaballa, administrateur apostolique du patriarcat latin de Jérusalem, est arrivé en fin de matinée à Bethléem, où il célèbrera la messe de minuit dans l'Eglise Sainte-Catherine, attenante à la basilique. Le président palestinien Mahmoud Abbas devrait y assister.
"Nous voyons d'énormes problèmes économiques, un taux de chômage élevé et d'autres problèmes mais (...) Noël est pour nous le moment où nous célébrons l'espoir", a déclaré Pierbattista Pizzaballa en entrant dans la ville.
Quelques chrétiens de la bande de Gaza devraient également être présents, mais en nombre inférieur par rapport aux années précédentes, Israël ayant accordé moins de permis de sortie de l'enclave palestinienne sous blocus israélien.
Tout Palestinien désirant se rendre de Gaza en Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, doit traverser le territoire israélien et obtenir un permis auprès des autorités israéliennes.
Plus de 300 personnes ont été autorisées à quitter la bande de Gaza pour l'occasion, sur les 950 ayant demandé une autorisation, selon Wadie Abou Nassar, porte-parole des Eglises de Terre Sainte.
- Tourisme en hausse -
Dans la bande de Gaza et ses environs, l'année 2019 a été marquée par des violences meurtrières entre le groupe Jihad islamique et les forces israéliennes, alors que les chances de résolution d'un conflit vieux de plus de 70 ans apparaissent de plus en plus éloignées.
Ces dernières années, les festivités de Noël ont parfois été ternies par les tensions.
En 2017, la décision unilatérale prise quelques semaines plus tôt par le président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël avait provoqué des manifestations quasi quotidiennes dans les Territoires palestiniens, notamment à Bethléem, ville séparée de Jérusalem par un mur érigé par les autorités israéliennes.
Les festivités de 2015 s'étaient-elles déroulées sur fond de violences anti-israéliennes ayant secoué Israël et les Territoires palestiniens et coûté la vie à 150 personnes en trois mois.
Après plusieurs années de baisse de fréquentation dues aux retombées du conflit israélo-palestinien, Bethléem connaît en 2019 une hausse importante du nombre de visiteurs, selon des responsables palestiniens en charge du tourisme.
Sur la place de la Mangeoire, la ministre palestinienne du Tourisme Rula Maayah s'est réjouie auprès de l'AFP que 3,5 millions de personnes aient visité Bethléem cette année.
Le pape François doit s'adresser mardi soir depuis le Vatican aux quelque 1,3 milliard de catholiques dans le monde.