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Boycotts dans le sport, manifestations: la colère antiraciste ravivée aux Etats-Unis


LeBron James des Los Angeles Lakers face à Wilson Chandler of the Brooklyn Nets, USA, le 10 octobre 2019.
LeBron James des Los Angeles Lakers face à Wilson Chandler of the Brooklyn Nets, USA, le 10 octobre 2019.

Les blessures infligées à l'Afro-Américain Jacob Blake par un policier blanc ont rallumé les braises de la colère antiraciste aux Etats-Unis, avec de nouvelles manifestations et une campagne de boycott du monde sportif, même si les basketteurs de la NBA semblent prêts à regagner les terrains.

Un calme précaire régnait jeudi à Kenosha, dans le nord des Etats-Unis, où des policiers fédéraux et des soldats de la Garde nationale ont été dépêchés après des violences qui ont fait deux morts et un blessé grave.

Un jeune de 17 ans, Kyle Rittenhouse, qui s'était joint mardi à des groupes d'hommes en armes affichant leur volonté de "protéger" la ville, a été arrêté et inculpé pour ces meurtres. Il est soupçonné d'avoir ouvert le feu sur des manifestants avec un fusil d'assaut.

Pour rendre hommage à ces victimes, des centaines de personnes ont encore défié mercredi soir malgré le couvre-feu imposé par les autorités, sans laisser déborder leur colère.

"Tout le monde s'attend à ce qu'on ait la rage, qu'on devienne fous, mais on va continuer à manifester dans le calme", a déclaré à l'AFP un musicien se présentant sous son nom de scène, Big Homie Trail.

La nuit a été plus chaotique à Oakland, en Californie, où un tribunal a été pris pour cible, ou à Minneapolis, dans le Minnesota, où une vingtaine de commerces ont été pillés et vandalisés alors que circulait une rumeur de nouvelle bavure policière.

La grande métropole du nord est à vif depuis la mort, le 25 mai, de George Floyd, un Afro-américain asphyxié par un policier blanc. Son calvaire, filmé par un témoin, a suscité la plus grande mobilisation antiraciste des dernières décennies aux Etats-Unis.

- "Organisation politique" -

Celle-ci s'était largement essoufflée ces dernières semaines, mais les plaies ont été rouvertes par l'affaire Jacob Blake. Ce père de famille de 29 ans a été touché, dimanche à Kenosha, de plusieurs balles dans le dos tirées à bout portant par un policier blanc. Selon son avocat, il restera paralysé.

L'auteur des tirs, l'agent Rusten Sheskey, a été mis à pied, mais n'a pas été arrêté ni inculpé. La justice fédérale a toutefois annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête en parallèle de celle menée par la justice locale.

Le drame a suscité une onde de choc et une mobilisation sans précédent des sportifs américains, enclenchée par l'équipe de basket-ball des Milwaukee Bucks. Ses joueurs ont boycotté un match et contraint la NBA à reporter plusieurs autres rencontres mercredi et jeudi. Assez pour que le président Donald Trump accuse la NBA d'être une "organisation politique" et de moquer leurs "très mauvaises" audiences.

D'après les médias américains, les joueurs ont toutefois décidé de reprendre la compétition dès vendredi.

La joueuse de tennis japonaise Naomi Osaka a quant à elle refusé un temps de disputer la demi-finale du tournoi de Cincinnati, dont les organisateurs ont reporté d'un jour tous les matches prévus jeudi. Des matches de football et de baseball ont également été reportés.

- "La loi et l'ordre" -

Sans un mot pour Jacob Blake, Donald Trump a lui préféré mettre l'accent sur les violences commises en marge des manifestations. Mercredi, il a juré de ne pas tolérer "l'anarchie dans les rues américaines" doit prononcer jeudi soir un discours depuis la Maison Blanche pour accepter la nomination de son parti comme candidat à la présidentielle du 3 novembre.

Des contre-manifestations sont prévues à Washington, où sont également attendues vendredi des dizaines de milliers de personnes pour un rassemblement en faveur de l'égalité raciale.

L'un des organisateurs des défilés, le révérend Jesse Jackson, une figure de la lutte pour les droits civiques, s'est rendu jeudi à Kenosha pour réclamer l'inculpation des policiers en cause dans l'affaire Jacob Blake.

Lors d'une conférence de presse, il a également appelé les Américains à se rendre aux urnes pour "mettre un terme au désert moral au sommet" de l'Etat, accusant la président Trump d'avoir "peu d'aspiration pour la justice et la décence".

Quant aux manifestants, il leur a demandé de rester pacifiques. "Ne laissons pas les incendies devenir des clips de campagne", a-t-il plaidé.

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