La police a perquisitionné le domicile de Luiz Inacio Lula da Silva, 70 ans, avant de l'emmener pour l'interroger sur de présumés délits de corruption et blanchiment d'argent.
Il a été conduit au siège de la police fédérale de l'aéroport de Congonhas (Sao Paulo) pour l'interrogatoire, qui a pris fin à 11H40 (14H40 GMT) selon la presse.
Des dizaines de manifestants --partisans et adversaires de l'ancien dirigeant de gauche-- s'étaient massés dans le hall, certains criant "Lula, guerrier du peuple", d'autres conspuant "Lula voleur", en venant parfois aux mains selon des images montrées par la télévision Globo news.
Auparavant, la police fédérale avait "mené des fouilles et perquisitions chez Lula (à Sao Paulo, ndlr), à l'Institut Lula et chez plusieurs de ses collaborateurs et membres de sa famille", a déclaré à l'AFP José Chrispiniano, attaché de presse de l'ex-président brésilien et de la fondation portant son nom.
Dans un communiqué, la police a de son côté précisé que l'opération "Lavage Rapide" avait mobilisé "près de 200 policiers et 30 inspecteurs des impôts" en exécution de "44 mandats judiciaires, dont 33 mandats de fouilles et perquisitions et 11 mandats d'amener dans les Etats de Rio de Janeiro, Sao Paulo et Bahia".
- 'Beaucoup de faveurs' -
Selon le procureur Carlos Fernando dos Santos Lima, l'ex-chef d'Etat a bénéficié de "beaucoup de faveurs" de la part de grandes entreprises du bâtiment, accusées de corruption dans le scandale Petrobras.
Environ 30 millions de reais (huit millions de dollars, ndlr) constitués de dons et d'honoraires pour des conférences "ont été versés par les grandes entreprises du BTP" à Lula, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Curitiba (sud).
"Les faveurs sont nombreuses et difficiles à évaluer. Il est plus facile de quantifier les travaux effectués dans l'appartement triplex et la maison de campagne", qui auraient été financés par de l'argent du réseau de fraudes autour de Petrobras, a-t-il ajouté.
"Personne n'est au-dessus de la loi dans ce pays", a martelé le procureur, qui n'envisage toutefois pas de demander l'incarcération de l'ancien chef d'Etat à l'heure actuelle.
Lula a déjà nié à plusieurs reprises être le propriétaire de ce triplex, situé dans la cité balnéaire de Guaruja (Sao Paulo), ou de la maison de campagne.
- 'Agression contre l'Etat de droit' -
Dans un communiqué, l'Institut Lula a déploré l'action de la police, "arbitraire, illégale et injustifiable" selon lui.
"La violence pratiquée aujourd'hui contre l'ex-président Lula et sa famille" constitue "une agression contre l'Etat de droit", a estimé cette fondation qui se consacre à la coopération du Brésil avec l'Afrique et l'Amérique latine.
Lula, au pouvoir de 2003 à 2010 et parti avec une popularité record de 80%, reste une figure illustre de la politique brésilienne. Son destin est étroitement lié à celui de la présidente Dilma Rousseff et du parti qu'il a fondé en 1980, le Parti des Travailleurs (PT, gauche), à la fin de la dictature.
Lancée en 2014, l'enquête sur le scandale Petrobras a mis au jour un système de trucage systématique des marchés passés entre le géant pétrolier contrôlé par l'Etat et 16 entreprises, donnant lieu à des commissions de 1 à 3% sur chaque contrat dont une partie était reversée à des élus de la coalition au pouvoir.
L'opération "Lavage rapide" intervient au lendemain d'une avalanche de nouvelles accusations de corruption dans le scandale Petrobras avec notamment la déclaration d'un sénateur impliquant, selon la presse, Rousseff et Lula.
Ces nouvelles ont fait l'effet d'une bombe à Brasilia, l'hebdomadaire IstoE assurant que la présidente avait manipulé l'enquête sur Petrobras, en nommant par exemple un juge pour libérer des industriels détenus.
"Ces révélations filtrées, apocryphes, sélectives et illégales doivent être rejetées et leur origine rigoureusement tirée au clair car elles bafouent la loi, la justice et la vérité", a réagi la présidente dans un communiqué.
Une procédure de destitution à l'encontre de Dilma Rousseff a été lancée fin 2015 par un groupe de juristes, soutenus par l'opposition, qui l'accusent d'avoir maquillé les comptes publics.
Avec AFP