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Dilma Rousseff au bord de la destitution


Les législateurs de l'opposition célèbrent après que la chambre basse du Congrès ait voté pour attaquer la présidente Dilma Rousseff dans la Chambre des députés à Brasilia, au Brésil, le 17 Avril 2016. (AP Photo/Eraldo Peres)
Les législateurs de l'opposition célèbrent après que la chambre basse du Congrès ait voté pour attaquer la présidente Dilma Rousseff dans la Chambre des députés à Brasilia, au Brésil, le 17 Avril 2016. (AP Photo/Eraldo Peres)

La présidente brésilienne devrait s'exprimer au lendemain de la gifle infligée par les députés, qui ont ouvert la voie à sa destitution par le Sénat à une écrasante majorité, au terme d'un vote historique.

L'impopulaire dirigeante de gauche de 68 ans va, selon toute évidence, dire qu'elle se battra jusqu'au bout. Mais après la déroute de dimanche, son mandat ne tient désormais plus qu'à un fil.

L'étape suivante au Sénat se présente déjà mal pour Dilma Rousseff, accusée par l'opposition d'avoir maquillé les comptes publics pour dissimuler l'ampleur des déficits aux électeurs, l'année de sa réélection en 2014, ainsi qu'en 2015.

Un vote à la majorité simple des sénateurs (41 sur 81), qui interviendra probablement dans la première quinzaine de mai, suffirait à prononcer sa mise en accusation pour "crime de responsabilité" et à l'écarter du pouvoir pendant au maximum six mois en attendant le jugement final.

Selon les enquêtes effectuées auprès des sénateurs par les grands journaux brésiliens, l'opposition compte déjà largement sur les soutiens suffisants pour l'ouverture de ce procès juridico-politique.

Elle peut déjà tabler sur 44 votes, selon le quotidien O Estado de Sao Paulo, 46 selon O Globo et 47, selon Folha de Sao Paulo.

Ecartée du pouvoir, Mme Rousseff verrait son ancien allié centriste et désormais rival, le vice-président Michel Temer, 75 ans, assumer immédiatement ses fonctions par intérim.

Ce discret homme d'appareil formerait un gouvernement qu'il souhaite d'"unité nationale" pour tenter de remettre sur les rails le Brésil, paralysé par 14 mois de crise politique aiguë au beau milieu de la pire récession économique en plusieurs décennies et du gigantesque scandale de corruption Petrobras.

"Proche de la fin"

Si Mme Rousseff était par la suite définitivement destituée, M. Temer resterait au pouvoir jusqu'aux prochaines élections générales prévues en 2018.

La large victoire du "oui" à l'impeachment de la présidente occupait lundi toute la Une des quotidiens. "Proche de la fin", titrait en grosses lettres capitales O Globo, ajoutant que "Dilma Rousseff avait commencé hier [dimanche] à dire au revoir à son fauteuil de présidente du Brésil".

A presque 100 jours de l'inauguration des Jeux Olympiques de Rio de Janeiro, le géant d'Amérique latine navigue dans le brouillard, avec un gouvernement en sursis.

L'interventionnisme économique de Mme Rousseff lui a fait perdre de longue date la confiance des puissants secteurs économiques, de l'agro-alimentaire à l'industrie, qui veulent du changement et des mesures rapides pour réduire les déficits et juguler l'inflation.

"Nous appelons le Sénat Fédéral à poursuivre les actions entreprises jusqu'à présent, dans le sens des changements souhaités par la société", a écrit lundi la puissante Confédération nationale de l'Agriculture (CNA).

Le vice-président Temer consulte déjà activement pour former un gouvernement capable de restaurer rapidement la confiance des marchés, sans, a-t-il promis, remettre en cause les programmes sociaux emblématiques du gouvernement de gauche dont son parti a été l'allié central depuis 2004.

Dans l'après-midi, le controversé président du Congrès des députés, Eduardo Cunha, ennemi juré de Mme Rousseff, devait remettre "en personne" au président du Sénat Renan Calheiros, membre du PMDB comme lui, la demande de destitution ratifiée dimanche à l'Assemblée.

"Résoudre au plus vite"

"Le pays connaît de grandes difficultés, la présidente a perdu les conditions pour gouverner depuis longtemps déjà (...). Nous devons résoudre cette situation le plus vite possible", avait déclaré dimanche soir, M. Cunha, chef de file de l'aile dure du PMDB du vice-président Temer.

"Le Sénat doit agir rapidement", avait ajouté M. Cunha, qui a tiré les ficelles de la procédure d'impeachment, malgré son inculpation pour "corruption" et blanchiment d'argent" dans le scandale Petrobras.

Mais la bataille n'est pas encore finie, même s'il "est difficile que le Sénat aille à l'encontre de la décision des députés", prévient l'analyste politique André César.

"La procédure sort des mains de Cunha et passe à celles de Calheiros, un autre acteur qui est autonome vis-à-vis de Temer et un peu plus proche de Dilma que Cunha", explique à l'AFP Diego Wernck, spécialiste en droit public de l'université FGV.

M. Calheiros a promis ces derniers jours de mener "avec responsabilité et indépendance" l'examen par la chambre haute de la procédure de destitution.

La présidente Rousseff conteste vigoureusement avoir commis un quelconque crime de responsabilité et accuse ses adversaire d'avoir monté une "coup d'Etat institutionnel" pour l"évincer.

Elle avait annoncé la semaine dernière qu'elle lutterait "jusqu'à la dernière minute de la seconde mi-temps".

Et le "vote scandaleux" des députés dimanche ne va pas l'abattre, a avancé dimanche soir son défenseur, l'avocat général de l'Etat, José Eduardo Cardozo.

Avec AFP

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