S'il y a des débats au sein du plus grand parti de gauche d'Amérique latine sur le maintien de la candidature de Luiz Inacio da Silva au scrutin -- dont il est le grandissime favori -- ils sont restés internes.
Publiquement, le PT a multiplié les signes de soutien inconditionnel à son fondateur. Il a déménagé symboliquement son siège de Sao Paulo à Curitiba (sud), où Lula est incarcéré depuis le 7 avril.
"Nous n'avons pas de plan B", a dit l'ex-présidente Dilma Rousseff, ajoutant que le PT allait "lutter auprès de toutes les instances judiciaires pour que Lula soit candidat". Il est crédité de 37% des intentions de vote.
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"Le PT a trois mois avant la campagne officielle pour essayer de faire sortir Lula de prison. C'est l'objectif", dit Carlos Almeida, sociologue de l'Institut Analise de Sao Paulo.
Car malgré la forte menace d'inéligibilité pesant sur Lula, "il est très difficile pour le parti de ne pas miser sur un leader (qui) a indiqué le Nord ces 20 dernières années", estime Debora Messenberg, sociologue politique de l'Université de Brasilia.
Lincoln Secco, historien à l'Université de Sao Paulo, abonde: "Lula et le PT sont inséparables". "Le parti a la bonne stratégie: maintenir (la candidature de) Lula, même incarcéré. Lula n'a pas eu un procès juste", avance-t-il.
- "Le PT otage de Lula" -
Le PT a choisi de capitaliser sur l'iniquité d'"un procès politique" et sur l'émotion autour de la séquence mouvementée de la reddition de Lula, cet ex-président qui a été encore plus populaire en quittant le pouvoir (2010) qu'en y accédant (2003) -- mais qui a aussi beaucoup d'ennemis.
Mais "d'une certaine façon, le PT est otage de Lula", estime Paulo Moura, analyste politique.
"La mobilisation autour de Lula est surtout stratégique, pour maintenir le moral des troupes. Sans la perspective d'une candidature de Lula, la base du PT s'effondre".
"Le PT n'a pas le choix", ajoute l'analyste, mais "c'est une impasse, car Lula ne pourra pas faire campagne".
Celui qui reste, à 72 ans, la figure historique de la gauche brésilienne, s'est bien gardé d'évoquer publiquement un passage de témoin.
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Dans son dernier discours d'homme libre, Lula "n'a pas mentionné le moindre candidat pétiste possible", relève M. Secco. Mais "il a mis en avant Manuela d'Avila (PCdoB - Parti communiste) et (Guilhermo) Boulos" (PSOL, gauche).
"Ainsi il a maintenu un parti uni derrière lui dans sa défense, tout en s'assurant de la solidarité de l'ensemble de la gauche", décrypte l'historien.
Malgré la Bérézina des municipales de 2016, dans le sillage de la destitution de la présidente Dilma Rousseff, le PT reste une formation politique revendiquant 2,19 millions de membres et qui dirige six Etats, dont Bahia et le Minas Gerais.
Le parti a toutefois perdu son lustre révolutionnaire avec le scandale d'achats de voix de députés (le "mensalao", en 2005), les alliances contre nature des mandats Lula avec la droite pour faire passer ses réformes, et bien sûr l'enquête anticorruption "Lavage express" qui l'a rattrapé lui aussi.
- "Sortir un nom du chapeau" -
"Il n'y a aucun autre parti de gauche qui ait la force électorale du PT, ni son poids au Parlement", souligne Mme Messenberg. Le PT compte 60 députés, contre 56 pour le MDB du président Michel Temer.
"Le PT va tenter de maintenir sa candidature jusqu'au bout", mais l'analyste, elle non plus, "ne pense pas que Lula puisse être candidat".
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"Il va falloir que le PT sorte un autre nom de son chapeau d'ici à octobre". Celui de l'ex-maire de Sao Paulo Fernando Haddad ne ferait pas l'unanimité. La candidature de l'ancien ministre Jaques Wagner semble plombée par des soupçons de corruption.
Et après?
"Le PT va avoir un problème, celui du transfert des voix de Lula sur un autre candidat" du PT, "il n'est pas dit que ça marche", estime M. Secco.
Pour Paulo Moura, "le PT court le risque, sans Lula, de perdre son influence parce qu'il n'y a personne qui pourrait être une alternative".
"Le PT va s'engager sur le chemin du déclin", prédit-il.
Avec AFP