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Brexit: Theresa May compte retourner négocier à Bruxelles


Des manifestants proeuropéens tiennent des affiches sur la place du Parlement à Londres, le 15 janvier 2019.
Des manifestants proeuropéens tiennent des affiches sur la place du Parlement à Londres, le 15 janvier 2019.

La Première ministre britannique Theresa May a annoncé qu'elle allait retourner discuter avec Bruxelles pour sauver son accord de Brexit rejeté par les députés, auxquels elle n'a pas offert le plan alternatif qu'ils exigeaient.

Lundi, la conservatrice a annoncé aux députés qu'elle chercherait à reparler avec l'Union européenne du "filet de sécurité" censé éviter le retour d'une frontière physique entre les deux Irlande.

"Jour de la marmotte (clin d'oeil au film "Un jour sans fin", ndlr): les députés et les milieux d'affaire unis pour condamner le plan B du Brexit de May, qui est encore le plan A", a ironisé The Independent sur son site.

Mais la tonalité générale dans la presse britannique mardi portait surtout sur l'hypothèse d'un second référendum, qui a le vent en poupe.

Le Guardian insiste le refus de la Première ministre d'un nouveau vote, parce qu'il menacerait "la cohésion sociale" au Royaume-Uni, tandis que le Daily Mail, The Sun ou The Telegraph mettent en exergue le soutien de Jeremy Corbyn au projet de députés travaillistes prônant son organisation.

"Je vais continuer à m'entretenir avec mes collègues cette semaine, dont le DUP" (parti nord-irlandais), sur cette question du "filet de sécurité", a déclaré la cheffe du gouvernement devant la Chambre des communes.

"Et je présenterai les conclusions de ces discussions à l'UE", a ajouté la dirigeante conservatrice.

Ce dispositif, critiqué dans la majorité comme dans l'opposition, prévoit une union douanière entre le Royaume-Uni et l'UE, avec en sus, pour la province britannique d'Irlande du Nord, un alignement sur certaines réglementations européennes en matière sanitaire et de taxes. Il n'entrerait en vigueur qu'à défaut d'autre solution à l'issue d'une période de transition.

Malgré les attentes, Theresa May s'est pour le reste contentée d'annoncer un changement de méthode -- un gouvernement "plus ouvert et plus inclusif dans la manière d'associer le Parlement" -- et le maintien des "protections les plus fortes possibles" relatives aux droits des travailleurs et à l'environnement après la sortie de l'Union européenne.

Surtout, elle a répété son refus d'organiser un second référendum ou de repousser la date du Brexit, toujours fixée au 29 mars. Elle a par contre maintenu sur la table le scénario d'un "no deal", que l'opposition lui demande d'abandonner.

- "Déni total" -

Ces déclarations ont été jugées "encourageantes" par les députés du DUP, parti unioniste allié de Mme May, mais ont provoqué la colère de l'opposition. Le leader travailliste Jeremy Corbyn a jugé que Mme May n'avait pas pris la mesure de son échec de mardi dernier, quand son accord de divorce négocié avec Bruxelles a été écarté par 432 voix contre 202, soit la plus écrasante défaite enregistrée par un gouvernement dans l'histoire du Parlement britannique.

"La Première ministre est dans un déni total", a taclé le chef du Labour, qui a réclamé, sans succès, qu'elle explicite les "concessions" qu'elle souhaite obtenir des dirigeants de l'UE.

Ces derniers ont répété lundi qu'ils refusaient de rouvrir les négociations.

"La garantie du filet de sécurité (appelé "backstop" en anglais, ndlr) a été convenue avec le gouvernement britannique, et je pense que c'est le meilleur accord possible à l'heure actuelle", a déclaré le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier, à la chaîne irlandaise RTE.

Plusieurs ministres européens des Affaires étrangères, réunis à Bruxelles, ont abondé: "Pourquoi (renégocier)? Vous voulez que l'UE soit un plus grand perdant que le Royaume-Uni?", a estimé le Slovaque Miroslav Lajcak.

Seul le ministre polonais des Affaires étrangères Jacek Czaputowicz a semblé se désolidariser de la position des 27, suggérant de limiter le "filet de sécurité" à cinq ans, dans un entretien avec le quotidien polonais Rzeczpospolita. "Ce serait évidemment moins favorable pour l'Irlande mais bien plus avantageux qu'un Brexit sans accord", a-t-il plaidé.

Theresa May a immédiatement rebondi sur cette déclaration, se déclarant "impatiente de l'explorer plus en détail".

Mais le chef de la diplomatie irlandaise, Simon Coveney, l'a lui immédiatement écartée.

"C'était probablement une tentative d'aider. La Pologne a plus de citoyens au Royaume-Uni que n'importe quel autre Etat membre, plus que l'Irlande même. Mais je ne pense pas que son intervention reflète la pensée de l'UE", a-t-il souligné de Bruxelles, en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

"Il est temps que Bruxelles et le gouvernement irlandais en particulier comprennent que le +backstop+ est le principal obstacle", a réagi la député européenne du DUP Diane Dodds, qui a jugé la proposition polonaise "constructive". "Des modifications substantielles et juridiquement contraignantes sont nécessaires pour parvenir à un accord", a-t-elle réclamé.

- "Tsunami politique" -

Face à ce qu'ils dénoncent comme "l'intransigeance" de Mme May, plusieurs groupes de députés ont prévu de tenter de court-circuiter le gouvernement en déposant des amendements pour éviter un "no deal" ou reporter la date de sortie. Ces amendements seront soumis au vote le 29 janvier.

Downing Street a qualifié ces projets d'"extrêmement inquiétants".

Le ministre britannique du Commerce extérieur, Liam Fox, a mis en garde contre le risque de "tsunami politique" si les députés ne respectaient pas le résultat du référendum de juin 2016.

Avec AFP

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