Par ailleurs, le bilan des violences électorales est passé de 39 à 47 morts depuis le scrutin de samedi, selon un nouveau bilan communiqué par la société civile.
La Commission électorale a continué son décompte mardi, égrenant progressivement pour chaque parti les résultats Etat par Etat.
Le président sortant, âgé de 76 ans, a jusque-là remporté dix Etats contre huit à son principal rival, l'ancien vice-président Atiku Abubakar, 72 ans, du Parti démocratique populaire (PDP).
Selon les derniers résultats publiés, Buhari obtient de larges majorités dans ses bastions du nord-ouest avec les Etats de Niger (72%) Jigawa (72%) et Kaduna (60%) tandis que M. Abubakar l'emporte de justesse dans sa région d'Adamawa, dans le nord-est (51%).
Le président et son parti, le Congrès des progressistes (APC), confortent donc leur avance au plan national avec près de 6,2 millions de voix, contre 5,1 millions à M. Abubakar, une fois les résultats tombés dans 17 Etats (sur 36) et la capitale fédérale.
Pour être élu dès le premier tour, le vainqueur doit obtenir, outre la majorité des suffrages exprimés, au moins 25% des voix dans les deux tiers des 36 Etats auxquels s'ajoute le territoire d'Abuja. Sinon un second tour devrait avoir lieu dans une semaine.
Si les résultats complets ne sont pas attendus avant mardi soir, voire mercredi, plusieurs médias nigérians ont déjà affirmé que Buhari était sur le point de rempiler pour un second mandat.
Ils s'appuient notamment sur des résultats - non officiels - donnant Buhari vainqueur dans deux Etats clés, les plus gros réservoirs de voix du pays: Kano, dans le nord-ouest et Lagos dans le sud-ouest.
Dès lundi après-midi, l'opposition a d'ailleurs dénoncé une "manipulation" des résultats par le parti de M. Buhari afin de se maintenir au pouvoir.
Après un report d'une semaine annoncé à la dernière minute en raison d'énormes défis logistiques dans le pays le plus peuplé d'Afrique (190 millions d'habitants), les Nigérians ont voté samedi pour choisir un nouveau président, mais aussi leurs députés et sénateurs.
Retards à l'ouverture des bureaux de vote, intimidations d'électeurs, destruction de matériel électoral: la société civile et les observateurs étrangers, notamment de l'Union européenne, ont dénoncé de nombreuses irrégularités dans la tenue du scrutin.
D'autre part, le report du scrutin risque d'avoir un impact sérieux sur le taux de participation, alors que de nombreux Nigérians avaient voyagé dans leur région d'origine pour pouvoir voter à la date initialement prévue par la Commission électorale, le 16 février.
L'affluence a ainsi reculé dans tous les Etats dont les résultats ont déjà été annoncés - sauf à Kogi, Ekiti et Adamawa - notamment dans le sud-est, bastion de l'opposition où Buhari est particulièrement impopulaire.
Le nouveau bilan des violences électorales est de 47 morts, a par ailleurs déclaré à l'AFP Yemi Adamolekun, de l'ONG Enough is Enough, membre du groupement de la société civile Situation room, qui a surveillé le déroulement du scrutin et avait lundi évoqué le chiffre de 39 victimes.
Faisant état de niveaux de fraude et de violence "inquiétants", elle a affirmé que certains agents de l'INEC avaient été forcés de publier leurs résultats sous la contrainte et que des enquêtes étaient en cours sur les allégations d'intimidations.