Dans les profondeurs du quartier Tanguin de Ouagadougou, zone non lotie sans eau ni électricité, Mohamed Ag Ataher, 64 ans, réfugié malien, vit ici depuis 2012.
A leur arrivée au Burkina Faso, Mohamed, sa femme et ses deux enfants ont été installés au camp de Mentao, à Djibo, dans la region du Sahel. Le père de famille se rappelle de ses premiers jours de réfugié.
"Quand je suis arrivé, j’étais trop traumatisé. Ce sont les événements de 2012/2013 (NDLR crise malienne) qui m’ont amené. J’ai été bien accueilli. J’ai oublié le crépitement des armes, j’ai retrouvé une tranquillité", confie Mohamed Ag Ataher, un réfugié.
Si ce réfugié se trouve aujourd’hui dans la capitale burkinabè, c’est à cause des problèmes sécuritaires que connaît le Burkina et principalement la zone du Sahel.
"Nous demandons au HCR, à la CONAREF (NDLR, la Commission nationale pour les réfugiés du Burkina) de voir dans quelle mesure nous soutenir jusqu’à ce que nous puissions sortir du bout du tunnel dans lequel on est", lance Mohamed Ag Ataher.
De l’autre côté de la ville, au quartier Wemtenga, nous retrouvons une femme d’affaire, responsable d’une agence de voyage. Ingue Iteka, 39 ans, est mariée et mère de deux enfants. Arrivée comme réfugiée en 2000, cette Burundaise d’origine est désormais Burkinabè.
"Le Burundi était dans le temps en pleine crise et on est sortis du pays. Je suis arrivée au Burkina parce que, trop jeune, j’ai entendu parler de Thomas Sankara. J’aime le Burkina Faso. Quand vous êtes ici vous vous sentez comme chez vous. Je n’ai pas de problème particulier et je suis bien à l’aise", a déclaré Ingue Iteka.
"Je peux dire qu’elle est plus Burkinabè que moi", témoigne Ablassé Yago, l’un des voisins de Ingue Iteka.
Le Burkina compte des milliers de réfugiés
"Nous avons plus de 20.000 réfugiés dont près de 19.000 Maliens et le reste est composé d’autres nationalités, une dizaine au total", a expliqué Flavien Nézien, Secrétaire permanent de la CONAREF.
Le principal défi auquel les réfugiés sont confrontés reste la question sécuritaire.
"La plupart des réfugiés se retrouvent comme demandeurs d’asile dans des zones sensibles où se manifestent de façon accrue des actions d’individus armés non identifiés", selon M. Nézien.
Si Ingue Iteka se sent bien au Burkina et demande aux réfugiés où qu’ils soient de se battre, surtout les femmes, pour le bien de leur communauté ou du pays d’accueil, le sexagénaire Mohamed Ag Ataher lui, souhaite un jour rentrer chez lui au Mali.