Devant le Lycée Philippe Zinda Kaboré de Ouagadougou, les portails sont bouclés à double tour alors que généralement à cette période, l’établissement grouille de monde, les uns pour inscrire de nouveaux élèves, les autres pour récupérer un document administratif. Le tout dans un balai incessant de va-et-vient.
Mais à l’heure actuelle, c’est un silence de cathédrale. Depuis le 25 mai 2021, le gouvernement a décidé de la fermeture de cet établissement d’environ 4.000 élèves répartis dans 75 salles de classe. Une décision réaffirmée le 27 août.
La raison? Les faits de grève des scolaires ayant entrainé des actes de vandalisme.
"Le lycée Philippe Zinda a été saccagé et aujourd’hui, il n’est pas fonctionnel", indique Stanislas Waro, ministre de l’Education nationale. "Tout a été détruit et le serveur contenant les données des enfants emporté, les fiches des enseignants saccagées, les ampoules détruites et tout", ajoute-t-il.
Le personnel du lycée qui a été créé en 1953 et qui porte le nom d’un ancien député voltaïque au parlement français, ne partage pas cet avis.
"Le ministre de l’Education dit que les enfants ont cassé tous les bureaux des enseignants, c’est faux. Aucune raison ne justifie la fermeture du lycée Zinda. Les tables sont là. Les bureaux des enseignants sont là. Le lycée Philippe Zinda Kaboré est fonctionnel", rétorque Karim Touzakoué, le délégué du personnel.
Manque de places ailleurs
Pour reloger les quelque 4.000 élèves, le gouvernement les a autorisés à s’inscrire dans d’autres établissements publics de leur choix. Mais les parents sont confrontés à des disponibilités de place dans les collèges d’accueil.
"Mon enfant fait la classe de 6e ; il devra aller en 5e. Avec la fermeture, on est allés au niveau de Paspanga, c’est déjà plein, nous sommes allé au Nelson, c’est déjà plein. On propose même à certains d’aller dans des CEG qui sont encore plus distants que le Zinda", a regretté Issaka Kaboré, un parent d’élève du Zinda.
Les principaux concernés, les élèves, ne comptent pas baisser les bras. Ils refusent d’admettre la fermeture de leur établissement.
"Le ministre lui-même dit que les élèves seront affectés dans les écoles de leur choix. Alors qu’on force nos camarades à partir dans certains lycées. C’est désolant. Sortons tous, luttons tous pour ne pas que le Zinda se ferme", a confié Wilfrid, élève du lycée.
Même le corps professoral subira aussi des affectations.
Si les élèves ont eu le choix entre les collèges de la capitale, ce ne sera pas le cas des enseignants.
"A deux semaines de la rentrée, on vous redéploie quelque part. Vous voyez tout ce que ça crée comme désagrément. Vous êtes préparé à rester ici. Si on vous prévenait 2 ou 3 mois, je pense que l’on pouvait prendre des dispositions pour partir", déplore Louise Kanzié, professeure d’histoire et géographie.
Elle conclut: "Mais c’est déjà la rentrée et l’on ne sait même pas où l’on sera affecté. On est désorienté".