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Kaboré empêché d'aller à une réunion avec d'autres ex-chefs d'Etat


Un homme tient une affiche représentant Blaise Compaoré, ancien président du Burkina Faso, devant l'aéroport de Ouagadougou le 7 juillet 2022 alors qu'ils attendent son retour 8 ans après avoir été contraint à l'exil en Côte d'Ivoire en 2014.
Un homme tient une affiche représentant Blaise Compaoré, ancien président du Burkina Faso, devant l'aéroport de Ouagadougou le 7 juillet 2022 alors qu'ils attendent son retour 8 ans après avoir été contraint à l'exil en Côte d'Ivoire en 2014.

Des dizaines de manifestants se sont rassemblés vendredi à Ouagadougou devant le domicile de Roch Marc Christian Kaboré, président renversé en janvier par un putsch, pour l'empêcher de participer à une réunion organisée par le pouvoir avec d'autres anciens chefs d'Etat, dont Blaise Compaoré.

M. Compaoré, chassé du pouvoir et poussé à l'exil à Abidjan par une insurrection populaire en octobre 2014, est rentré jeudi après huit ans d'exil en Côte d'Ivoire pour assister à cette rencontre, à l'invitation de l'actuel président, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.

Au pouvoir depuis un putsch le 24 janvier, M. Damiba a souhaité réunir tous les anciens présidents du pays encore en vie afin d'"accélérer la réconciliation nationale" et trouver une solution pour endiguer la violence jihadiste qui frappe le Burkina depuis 2015.

Mais ce retour a suscité de nombreuses critiques, notamment concernant la condamnation par contumace, le 6 avril dernier de M. Compaoré pour son rôle dans l'assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara, lors d'un coup d'Etat qui l'avait porté au pouvoir en 1987.

"Devons-nous immoler la justice, socle du pacte républicain, sur l'autel d'une certaine réconciliation nationale?", s'interrogeait le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti du président Roch Marc Christian Kaboré, renversé lors du putsch de janvier dernier.

Des militants du MPP se sont rassemblés vendredi matin devant le domicile de M. Kaboré pour l'empêcher de se rendre à la réunion des anciens chefs d'Etat prévue à la mi-journée.

"Kaboré bouge pas!", scandaient ces quelques dizaines de sympathisants.

"Ce n'est pas le rôle de Damiba qui a fait un coup d'Etat de réconcilier les gens. Ce n'est pas une réconciliation, c'est une mascarade", a affirmé à l'AFP, Boukari Conombo, président du Brassard noir, un mouvement de la société civile, également présent.

"Impunité"

Car au sein de certaines organisations de la société civile, la présence de M. Compaoré sur le sol burkinabè avait également du mal à passer.

"Un mandat d’arrêt international a été lancé contre ce dernier qui n’a jamais daigné se présenter devant la justice (...) le Président Blaise Compaoré devrait être immédiatement arrêté et conduit" en prison, a ainsi estimé le Front patriotique qui regroupe une vingtaine d'organisations et de partis politiques.

"Cette réconciliation ne doit, ni ne peut se faire en consacrant l'impunité ou en opérant des arrangements entre politiciens", ont de leur côté renchéri plusieurs centrales syndicales.

Blaise Compaoré a atterri jeudi à Ouagadougou et devait passer la nuit, selon des sources au sein de son parti, dans son village natal de Ziniaré, à une trentaine de km la capitale.

Peu de détails ont filtré sur le format de la réunion des chefs d'Etat, vendredi. "Deux déclarations" sont prévues à l'issue de la rencontre, a simplement indiqué la présidence.

Outre Blaise Compaoré, président de 1987 à 2014, ont également été invités Jean-Baptiste Ouedraogo (1982-1983), Isaac Zida qui avait brièvement pris le pouvoir en 2014 et actuellement en exil au Canada, Michel Kafando (2014-2015) et Roch Marc Christian Kaboré qui avait été élu en 2015 avant d'être renversé.

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