Ils sont près d’une dizaine de personnes réquisitionnées par les autorités, et pour la plupart, il leur faudra faire trois mois au front. Des leaders d’opinion, des responsables d'organisations de la société civile et de syndicats très critiques de la gestion du pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré.
Ces personnes ont critiqué une chasse aux sorcières et une tentative de les museler. Réunies autour d’un collectif d’une dizaine d’avocats, elles ont attaqué ces décisions. Mais le tribunal administratif qui a statué en référé a estimé qu’il ne pouvait pas suspendre ces réquisitions, invoquant des questions de sécurité.
"A chaud je ne peux que prendre acte de cette décision. N’ayant pas encore les motivations du juge, je ne peux pas me prononcer sur sa justesse ou non, a dit Ladji Bama, un journaliste réquisitionné et en séjour hors du pays. Nous n’allons pas nous en tenir là. Nous poursuivrons jusqu’à l’épuisement total de tous les recours à notre disposition. Ces décisions de réquisition sont totalement arbitraires, illégitimes, injustes et iniques."
"Nous avons démontré que ces décisions étaient en vérité des décisions-sanction, a expliqué Prosper Farama, avocat du collectif. Nous avons plaidé la question du détournement de pouvoir, ces décisions ont été prises dans un cadre prévu par la loi mais pour d’autres objectifs."
"Dans la mesure où c’est l’intérêt général qui est brandi, il est difficile de mener un débat contre cela, estime Paz Hien, analyste politique. Même la liberté d’expression en cas de mobilisation générale peut être restreinte par l’exécutif."
Les avocats ont annoncé qu’ils feront appel de la décision du tribunal administratif. Ils ont aussi assuré qu’ils vont user de toutes les voies de recours possibles pour faire triompher la vérité.
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