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Burkina : les ministres retournent au travail, les putschistes traînent les pieds


Michel Kafando, président de la transition au Burkina Faso
Michel Kafando, président de la transition au Burkina Faso

Le Conseil des ministres, interrompu il y a une semaine par un coup d'Etat, s'est de nouveau réuni vendredi à Ouagadougou, tandis que commençait, avec quelques frictions, le processus de désarmement des putschistes.

Le Premier ministre Isaac Zida a, au sortir de ce Conseil des ministres, évoqué le sort du RSP et du désarmement du Régiment de sécurité présidentielle, à la base du putsch avorté.

"Le processus se déroule normalement", at-il assuré. "Désarmement et dissolution, pourquoi pas?", a-t-il lancé aux journalistes. Et à la question "Quand?", il a répondu: "Immédiatement".

Le Conseil s’est réuni dans les bureaux du Premier ministre Isaac Zida, "un cadre plus serein", selon M. Zida, que le palais présidentiel. D'importantes mesures de sécurité avaient été mises en place aux alentours..

Le détail des décisions prises par le conseil sera publié dans un communiqué d'ici la fin de la journée, a-t-il ajouté, laissant d'ores et déjà entendre, selon l’AFP, qu'ils allaient "mettre en place une commission d'enquête sur le déroulement" du coup d'Etat. "Ceux qui auront à répondre devant la justice y répondront", a poursuivi le colonel Zida.

Le procureur général de la République du Burkina, Laurent Poda, présent, a de son côté annoncé avoir ouvert une enquête judiciaire sur les événements.

"Le serpent est blessé mais n'est pas mort", a prévenu le porte-parole de la société civile, Me Guy-Hervé Kam, tout en ne voyant "plus de risque majeur pour les élections".

Avant le début du conseil, le président de la transition Michel Kafando, M. Zida et le président du Conseil national de la transition (CNT, parlement) s'étaient entretenus pendant environ une heure.

Puis, les ministres étant entrés dans la salle où devait se tenir le conseil, le lieutenant-colonel Zida, lui-même ancien du RSP en délicatesse avec ses ex-collègues, est allé chercher M. Kafando, qui a fait son entrée sous les applaudissements.

Simultanément, le CNT s'est réuni à l'Assemblée nationale pour la première fois depuis le putsch. Leur écharpe en bandoulière, les 90 députés ont accueilli le président du Conseil, Cheriff Sy, sous les applaudissements. Ce dernier était passé à la clandestinité durant les quelques jours qu'a duré le coup d'Etat.

"Nous allons continuer à faire le travail législatif. (...) Nous remplirons la mission que la Nation nous confiera, quelle qu'elle soit", a-t-il déclaré devant les députés.

Vers 13H30, le chef d'Etat major des Armées, le général Pingrenoma Zagré, rangé du côté des forces loyalistes après une période attentiste, a rejoint à son tour le conseil des ministres.

Parallèlement, a débuté un premier inventaire de l'armement du RSP, dirigé par le général putschiste Gilbert Diendéré. Ensuite, les armes du RSP devaient "réintégrer" les casernes.

Pourtant vendredi, ce désarmement ne semblait pas acquis, selon un haut gradé du RSP. Ainsi, les militaires de base du Régiment, établis à la caserne Naaba Koom, s'y "sont catégoriquement opposés", réclamant au préalable des garanties de sécurité pour eux et leurs familles.

"Ils ne sont pas contre de ne plus assurer la sécurité présidentielle mais ils souhaiteraient rester en unité constituée pour être plus efficaces même s'il faut les délocaliser", a encore dit ce haut gradé.

De source proche du dossier, la base du RSP a été particulièrement active dans la décision de lancer le coup d'Etat.

Le putsch a avorté mercredi, après que des unités loyalistes eurent fait mouvement vers la capitale pour s'opposer au RSP, suite à des violences ayant fait au moins 10 morts et plus de 100 blessés.

Michel Kafando a été officiellement rétabli dans ses fonctions, ainsi que le Premier ministre Zida, l'ensemble du gouvernement et l'assemblée intérimaire lors d'une cérémonie jeudi à Ouagadougou. Le putsch avait mis un coup d'arrêt à l'organisation d'élections générales prévues le 11 octobre et censées clore la période de transition ouverte par la chute de l'ex-président Compaoré.

Avec AFP

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