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Victimes des jihadistes, des déplacés rêvent d'un toit ou d'une "bonne tente" au Faso


Des déplacés à Kaya, au Burkina, le 14 octobre 2020.
Des déplacés à Kaya, au Burkina, le 14 octobre 2020.

Ils dorment à la belle étoile ou dans des huttes de paille: à Boulounga, dans le nord du Burkina Faso, 5.000 déplacés fuyant les violences jihadistes vivent dans des conditions précaires.

La semaine dernière, l'ONU, qui considère que le Sahel vit "une des plus grandes crises humanitaires au monde" a mobilisé une vingtaine de pays donateurs et institutionnels et promis une aide 1,7 milliard de dollars pour accroître l'aide humanitaire au Burkina et à ses voisins du Sahel.

"Mon rêve, c'est d'avoir un véritable toit pour ma famille et moi-même. A défaut, une bonne tente fera l'affaire pour nous préserver des intempéries, des moustiques et des petites bêtes la nuit", raconte Rasmané Badini, 64 ans, installé sur le site d'accueil de Boulounga.

"Regardez cette hutte. Près de vingt enfants y dorment", montre M. Badini.

Si certaines ONG offrent des tentes sur d'autres sites d'accueil, M. Badini, vêtu d'un long boubou vert et coiffé d'un bonnet gris, affirme n'avoir rien reçu depuis son arrivée à Boulounga, il y a 18 mois.

Les 4.600 déplacés qui ont trouvé refuge dans la zone ont construit des minuscules huttes de fortune au milieu des champs.

"Nous confectionnons ces huttes avec des nattes en paille et quelques bouts de bois de récupération ou des branches", explique Rasmané Badini.

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Obligés de dormir dehors

Après une attaque en mai 2019 à Silgadji (Nord) qui avait fait une vingtaine de morts, sa famille et lui ont fui les islamistes armés.

Frontalier du Mali et du Niger, le Burkina Faso est le théâtre d'attaques jihadistes, qui n'ont cessé de monter en puissance depuis 2015.

"Nous n'avons rien pu emporter dans la fuite et ici nous n'avons aucune source de revenu", souligne-t-il entouré de quelques rares hommes qui vivent sur ce site d'accueil.

"Il est difficile d'abriter tout ce monde. Nous sommes souvent obligés de dormir dehors pour laisser la place aux enfants", se plaint le sexagénaire, dont la famille compte 19 enfants.

"Les pailles laissent passer les eaux de pluie. C'est pourquoi nous recouvrons ces huttes avec des morceaux de plastique. Nous sommes obligés de reconstruire de nouvelles huttes tous les trois ou six mois. Ce sont autant de dépenses pour nous. Mais comment faire ? On ne peut pas laisser les enfants dormir sous les arbres", souligne-t-il.

Au Burkina Faso, plus d'un million de personnes - pour moitié des enfants-, ont fui les localités en proie aux attaques jihadistes entremêlées à des conflits intercommunautaires qui ont fait plus de 1.200 morts depuis 2015, selon un décompte de l'AFP.

Selon le Conseil norvégien des réfugiés (NRC), 75% de ces déplacés internes n'ont pas d'abri décent.

Bâches entre les arbres

A Yabo, à 70 km de Ouagadougou, le spectacle est le même avec des abris de fortune. Les familles ont étendu des bâches en plastique entre les arbres.

NRC va construire à terme 7.000 tentes sur divers sites dont Yabo.

"C'est nous mêmes qui construisons ces tentes après avoir bénéficié d'une formation et d'une dotation des kits par le NRC, qui paye ensuite nos services", explique un des responsables de la construction Bamogo Nonsyandé, 60 ans, se réjouissant "du double bénéfice pour les communautés".

La plupart des hommes sont en effet partis chercher du travail ailleurs.

"Généralement les hommes laissent les femmes et vont ailleurs chercher un emploi en attendant de pouvoir retourner chez eux", explique Sayouba Ouédraogo, un trentenaire venu remettre du matériel scolaire à ses trois enfants à Boulounga, après avoir travaillé quelques mois à Kongoussi.

"L'école du village a des difficultés d'accueil. Ils sont entre 80 et 100 élèves par classe. Certains sont obligés de faire la classe sous les arbres", explique-t-il, espérant un prochain retour dans son village pour "mettre fin à ce calvaire".

"Des personnes continuent à fuir certaines localités, grossissant davantage les sites d'accueil. Nos espoirs sont minces", reconnaît-il toutefois.

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