"Nous avons rencontré lundi à Bruxelles deux envoyés du facilitateur Benjamin Mkapa, qui étaient venus nous dire qu'il nous invitait à Arusha pour nous expliquer sa prise de position et ce qu'il projette de faire", a assuré à l'AFP Jean Minani, le président du Cnared, une plate-forme qui regroupe la quasi-totalité de l'opposition burundaise intérieure et en exil.
"Nous leur avons remis une lettre à donner en mains propres à Mkapa pour lui signifier que nous le récusions officiellement en tant que facilitateur", a-t-il ajouté, joint par téléphone en Belgique. "Il s'est démis de ses fonctions en prenant fait et cause pour le gouvernement lors de son séjour à Bujumbura".
Au terme d'une visite de trois jours à Bujumbura, M. Mkapa avait jugé vendredi inutile de continuer à contester la "légitimité" de l'élection en 2015 du président burundais Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat, et appelé les parties à se concentrer sur la bonne tenue des élections de 2020.
Ces déclarations avaient ravi le gouvernement burundais mais heurté le Cnared, qui estime que la Constitution burundaise ne permettait pas à M. Nkurunziza de briguer un troisième mandat.
"C'est inutile de le rencontrer car il a déjà donné raison à un pouvoir illégal qui a violé la Constitution et plongé le pays dans une grave crise", a insisté M. Minani.
M. Mkapa avait également dit vendredi ne pas vouloir rencontrer l'opposition armée, des propos qui semblaient viser le Cnared, accusé par Bujumbura d'être derrière les violences armées au Burundi.
"La stratégie du facilitateur est déroutante si on s'en tient à ses déclarations fracassantes", a jugé un diplomate en poste au Burundi. "Un coup, il soutient sans aucune ambiguïté le pouvoir, un autre coup, il veut rencontrer l'opposition comme si de rien n'était. C'est difficile de voir où il veut en venir".
Alors que le dialogue interburundais est toujours au point mort, Bujumbura refusant de négocier avec le Cnared malgré les pressions et les sanctions de la communauté internationale, M. Mkapa avait dit vendredi voir une "ouverture", sans donner plus de détails.
Le Burundi est plongé dans une grave crise depuis la candidature en avril 2015 de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat controversé et son élection en juillet de la même année. Les violences ont fait plus de 500 morts et poussé plus de 300.000 personnes à quitter le pays.
Avec AFP