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Les évêques jugent le moment inopportun pour amender la Constitution au Burundi


Le président burunais Pierre Nkurunziza donne un discours après avoir prêté serment pour un 3e mandat controversé, à Bujumbura, le 20 août 2015.
Le président burunais Pierre Nkurunziza donne un discours après avoir prêté serment pour un 3e mandat controversé, à Bujumbura, le 20 août 2015.

Les évêques de l'influente Eglise catholique du Burundi jugent inopportun le moment choisi pour amender la Constitution, à deux semaines d'un référendum très controversé qui devrait permettre au président Pierre Nkurunziza de rester au pouvoir jusqu'en 2034.

La Conférence des évêques de la première Eglise du Burundi explique sa position parce qu'elle décrit comme un climat de peur régnant dans le pays en proie à une profonde crise politique depuis trois ans.

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A côté de ceux qui ont fui en exil, "beaucoup de citoyens, même s'ils ne le disent pas tout haut, vivent dans la peur, à tel point que les gens n'osent plus dire ce qu'ils pensent, par peur des représailles", estiment les évêques qui dénoncent, dans une allusion au pouvoir, "le comportement de certains Burundais qui usent de la violence et abusent de l'autorité qu'ils détiennent pour opprimer la liberté d'expression et d'opinion de leurs adversaires politiques".

"A notre avis, le moment n'était pas opportun pour amender la constitution de manière profonde", critique Mgr Joachin Ntahondereye, évêque de Muyinga et président de la Conférence des évêques, dans la déclaration commune.

La campagne officielle pour le référendum constitutionnel du 17 mai a débuté mardi et doit durer quatorze jours.

Au total, 26 partis, en très grande partie proches du parti au pouvoir CNDD-FDD, et la coalition d'indépendants Amizero y'Abarundi ("Espoir des Burundais") ont été autorisés à faire campagne. Les quelques partis d'opposition encore présents dans le pays ont appelé à voter "non", disant craindre les "représailles" du pouvoir en cas de boycott du scrutin. Un décret présidentiel prévoit une peine de "un à trois ans de prison" pour quiconque prônerait l'abstention.

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L'annonce en avril 2015 de la candidature controversée de M. Nkurunziza à un troisième mandat a plongé le Burundi dans une crise politique qui a fait au moins 1.200 morts et plus de 400.000 réfugiés, et sur laquelle la Cour pénale internationale a ouvert une enquête.

Le projet de révision constitutionnelle, qui permettrait au président Nkurunziza - 54 ans et au pouvoir depuis 2005 - de briguer à partir de 2020 deux mandats de sept ans, a été critiqué par la communauté internationale, notamment l'Union africaine.

Pour les évêques, "il ne reste plus (aujourd'hui) qu'à souhaiter que le référendum se passe dans la paix et dans la liberté et que sans pression aucune, les Burundais votent librement oui ou non".

Ils exhortent la population "à ne pas céder à la panique", en estimant que "ce qui importe, c'est que les Burundais restent unis, qu'ils se soucient de sauvegarder la paix (...) quels que soient les résultats" du vote.

Avec AFP

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