Après un week-end de trêve endeuillé par l'assassinat d'une de ses figures, la mobilisation a été plutôt timide dans la matinée, pour monter en puissance dans la journée, au fil des incidents avec la police.
A Bujumbura, où la contestation reste concentrée, la Croix-Rouge a enregistré 21 blessés sur la journée. Mais le calme était revenu dans les quartiers contestataires en début de soirée.
Les policiers avaient pris position dès l'aube dans et autour des habituels foyers de contestation pour empêcher ou circonscrire tout rassemblement : à Musaga et Kinanira (sud), théâtre la semaine dernière de nombreux affrontements, Kanyosha, Nyakabiga, ainsi qu'à Ngagara, quartier où a été tué samedi soir l'opposant Zedi Feruzi, une figure du mouvement actuel contre le pouvoir présidentiel.
A Cibitoke (nord), plusieurs centaines de jeunes ont défilé aux premières heures du jour, avant d'être dispersés par les tirs en fin de matinée. Peu après, des policiers ont fait irruption dans l'une des cantines improvisées par les habitants pour ravitailler les manifestants. Ils ont renversé la nourriture, confisqué le matériel. Des habitants ont tenté d'intervenir et jeté des pierres sur les policiers, qui ont riposté avec leurs armes. Cinq personnes ont été blessées par balles.
Un autre manifestant a été blessé par balle dans le quartier de Bwiza. Un minibus a été incendié à Kanyosha.
A Kinama, bastion des FNL (opposition) dans le nord de la capitale, des centaines de personnes ont manifesté pour la première fois depuis le début du mouvement fin avril. Des journalistes y ont été témoin d'une descente de jeunes en civil, armés de gourdins et bâtons, qui chassaient les manifestants et que la population mécontente dénonçait comme des Imbonerakure, ligue de jeunesse du parti au pouvoir.
En province, la police a ouvert le feu sur une centaine de manifestants à Mugamba, à 60 km au sud-est de Bujumbura (province de Bururi). Une personne a été tuée, et deux autres blessées. Dans l'après-midi, la population a porté le corps devant le domicile du maire et exigeait qu'il l'enterre de ses propres mains, selon un témoin. Début mai, un adolescent de 15 ans avait été tué par les tirs d'un policier dans cette même province, à Gisozi.
Avec AFP