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Burundi: trois blessés après l'arrestation de lycéens pour atteinte à l'image du président


Des agents de police du Burundi.
Des agents de police du Burundi.

"Le procureur est en train d'entendre tous ces élèves (...) Et il faut s'attendre à des sanctions car il s'agit d'un crime grave", affirme cette source judiciaire ayant requis l'anonymat.

Trois personnes, dont deux lycéens, ont été blessées par balles vendredi à Muramvya, dans le centre du Burundi, lors d'une manifestation de centaines de lycéens qui protestaient contre l'arrestation de huit de leurs camarades pour atteinte à l'image du président Pierre Nkurunziza, selon des témoins.

"Ce matin, le chef du SNR (Service national de renseignement, ndlr) à Muramvya est venu arrêter huit élèves de 9e année (15-17 ans, ndlr), cinq filles et trois garçons, accusés par la direction d'avoir abîmé la photo du président Nkurunziza qui se trouve dans le livre de sciences humaines", a annoncé à l'AFP un professeur du lycée communal de Muramvya, ayant requis l'anonymat.

Immédiatement après, des centaines de lycéens de cet établissement qui en compte environ 1.400 ont commencé à manifester en direction du centre-ville, en réclamant la libération de leurs condisciples, selon plusieurs témoins.

"Des policiers des services secrets burundais ont alors tiré pour disperser la manifestation, blessant par balles grièvement deux élèves et un motard qui passait par là", selon l'un de ces témoins.

Les agents du SNR, qui dépendent directement du président, se sont ensuite rendus dans deux autres établissements scolaires de la ville, le lycée de Muramvya et l'école fondamentale de Muramvya II, où ils ont arrêté 11 élèves, pour des gribouillages sur des photos de M. Nkurunziza dans le même type de manuel scolaire.

"Six autres élèves en provenance du lycée communal de Shombo, à 15 km au sud de Muramvya, ont également été arrêtés par le SNR ce matin pour le même motif", a précisé à l'AFP une source judiciaire qui a requis l'anonymat.

"Le procureur est en train d'entendre tous ces élèves (...) Et il faut s'attendre à des sanctions car il s'agit d'un crime grave", a ajouté cette source.

"Ce qui se passe est terrifiant. Je pense qu'il y a dans toutes les écoles du Burundi des collégiens inconscients qui ont fait de tels gribouillages sur le visage de Nkurunziza. Est-ce qu'on va tous les chasser ou les emprisonner ?", s'est interrogé un parent d'élève, ayant également requis l'anonymat.

Il y a une semaine, plus de 300 collégiens de 8e année (entre 14 et 16 ans, ndlr) de Ruziba, dans la périphérie sud de Bujumbura, avaient été renvoyés de leur école pour les mêmes motifs.

Dans certains livres, les yeux du président ont été troués. Dans d'autres, sa photo a été gribouillée, ou des propos insultants à son égard ont été inscrits.

Le Burundi a plongé dans une grave crise émaillée de violences lorsque le président Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature pour un troisième mandat, avant d'être réélu en juillet.

Les violences ont déjà fait plus de 500 morts et poussé plus de 270.000 personnes à quitter le pays.

Avec AFP

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