"Nos banques nous ont notifié que nos comptes ont été saisis par les institutions étatiques (...) Cette situation nous prive de la moindre ressource sur laquelle nous pouvons compter pour soutenir le personnel", a indiqué le patron du groupe, Ismaël Soumanou, dans sa lettre de licenciement collectif dont l’AFP a obtenu une copie. "Nous allons débrancher tous les dispositifs satellitaires y compris l’eau et l’électricité et les faisceaux de connexion", a-t-il ajouté.
Depuis août, le groupe de presse, qui dispose d'une chaîne de télévision, d'une station de radio et d'un journal bihebdomadaire, est privé de diffusion suite à une décision de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) qui l'a accusé d'"apologie de coup d'Etat" après des commentaires sur la situation au Niger voisin où un régime militaire a chassé du pouvoir le président Mohamed Bazoum fin juillet.
Depuis cette suspension, les agents ne percevaient qu'une partie de leurs salaires. Mais le gel des comptes bancaires du groupe a porté le coup de grâce aux trois médias.
"Je ne sais pas ce que nous avons dit de mal sur nos antennes. Nous avons juste préconisé qu’il y ait la négociation et non l’intervention militaire au Niger", a expliqué à l'AFP Valentin Adjibotcha, ancien rédacteur en chef adjoint de Golfe TV. "La nouvelle de notre licenciement collectif est un coup de massue", a-t-il ajouté. La Gazette du Golfe a été le seul journal d'opposition dans le pays jusqu'en 1990.
Interrogé sur la fermeture du média au cours d'une conférence de presse jeudi, le président béninois, Patrice Talon, a répondu qu'il n'avait pas la main pour agir. "J’éprouve une certaine peine (...) C’est malheureux que ce média ne soit plus accessible", a-t-il affirmé. "Je ne suis pas patron de la HAAC", a soutenu le chef de l'Etat en laissant entendre qu’il n’avait pas à interférer dans le travail de l'autorité audioviseulle.
Le président Talon, élu en 2016, puis réélu en 2021, est régulièrement accusé d'avoir opéré un virage autoritaire au nom du développement dans ce pays autrefois salué pour le dynamisme de sa démocratie. Plusieurs journalistes ont été arrêtés au Bénin, et un journaliste étranger a été expulsé ces dernières années du pays, où la liberté de la presse "a fortement reculé", selon l'organisation Reporters sans frontières (RSF).
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