Des groupes indépendantistes avaient interdit aux populations des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où se concentre la minorité anglophone du Cameroun, de participer et multiplié récemment leurs attaques, mais dimanche, jour du scrutin, un seul incident --des échanges de tirs à proximité d'un bureau de vote-- avait été rapporté.
"Des séparatistes armés (...) ont enlevé plus d’une centaine de personnes, incendié des biens et menacé des électeurs dans la période précédant les élections", a affirmé mercredi dans un rapport l'organisation internationale HRW.
"Les forces de sécurité de l’État n’ont pas suffisamment protégé les civils des menaces posées par les séparatistes, mais ont plutôt commis de nouveaux abus à leur encontre au cours de la même période", ajoute l'ONG.
Depuis 3 ans, militaires et groupes armés indépendantistes anglophones s'affrontent dans ces deux régions de l'Ouest, les deux camps multipliant crimes et exactions contre les civils, selon les ONG. Le conflit a déjà fait plus de 3.000 morts depuis 2017 et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile.
Les séparatistes armés veulent l'indépendance du Cameroun anglophone, qu'il nomment Ambazonie.
"Les séparatistes armés s’en sont pris aux personnes souhaitant participer aux élections (...), que ce soit en tant que candidats, fonctionnaires électoraux, activistes ou citoyens", écrit HRW.
"Parmi les personnes ciblées, (...) des membres et des partisans du parti du Front social démocrate (Social Democratic Front, SDF, principal parti d'opposition à l'Assemblée nationale), que les séparatistes accusent de ne pas être solidaires de leur cause", rapporte l'ONG.
Des indépendantistes armés ont incendié dans les deux régions au moins trois bureaux de l'instance gouvernementale organisant le scrutin, l'Elecam, entre le 7 janvier et le 2 févier, et sept maisons de représentants du gouvernement et candidats dans le Nord-Ouest depuis novembre 2019.
"Entre le 17 et le 20 janvier 2020, les forces de sécurité ont mené une opération militaire à Bali (Nord-Ouest), détruisant plus de 50 maisons et tuant plusieurs civils", détaille HRW qui réclame à Yaoundé des enquêtes sur les exactions des deux camps.
Ni les résultats du scrutin, ni même le chiffre de participation, n'ont été rendus publics à ce jour.