Selon le syndicat national des employeurs des transports terrestres, Synester, 35 chauffeurs de taxi ont trouvé la mort ces deux derniers mois après avoir embarqué leurs bourreaux à bord. Les autorités sécuritaires enquêtent sur le phénomène.
"Les bourreaux empruntent les taxis au centre urbain et les emmènent dans les arrondissements avoisinant Yaoundé et les assassinent", c’est par ce mode opératoire décrit par Collins Ndeffossokeng, président du Synester, que plus d’une trentaine de chauffeurs ont perdu leurs véhicules et leur vie à Yaoundé. De quoi inquiéter ce syndicaliste.
"On ne peut pas quand même comprendre que moins de 10 bonhommes défient la gendarmerie nationale, dénonce Collins Ndeffossokeng. Le délégué général à la sureté nationale et le secrétaire d’Etat à la Gendarmerie nationale ont été interpellés, mais nous n’avons eu qu’une rencontre avec la gendarmerie qui a bien voulu nous ouvrir leurs portes pour qu’on présente le problème et qu’ensemble on trouve les moyens pour essayer de juguler le phénomène",
Plusieurs caméras de surveillance sont installées dans la ville de Yaoundé, mais les conducteurs de taxis sont aux abois. "Les caméras de surveillance peuvent apporter une solution dans le cas où elles fonctionnent, mais dans ce cas on aurait déjà attrapé quelques-uns...", assure Aboubacar Pemegnié conducteur de taxi depuis 12 ans.
"On juge les clients au faciès"
Idrissou, qui a déjà 15 ans de métier comme chauffeur de taxi, dit craindre un phénomène sans précédent. "Yaoundé est gâté avec les agressions, on tue nos collègues partout, pour se tirer d’affaire, on juge les clients au faciès, quand on voit quelqu’un qui est un peu suspect on évite de le porter et on évite aussi les clients qui veulent qu’on les dépose dans les zones reculées comme Nkolbisson", confie-t-il.
L’enlèvement et l’assassinat des taxis à Yaoundé fait aussi planer le danger sur les usagers. "Quand ils ont fini d’assassiner les chauffeurs de taxis, ils prennent leur véhicule et transportent des clients avant de les agresser dans le centre urbain", affirme Collins Ndeffossokeng.
"Je suis montée à bord d’un taxi à partir du centre-ville et j’allais au quartier Damase dans le 6e arrondissement aux environs de 18h30", raconte Marguerite Essama Mbarga, été victime d’une agression à Yaoundé. "Le taxi a pris une route pas habituelle, je ne m’inquiétais pas parce qu’il y a plusieurs chemins pour arriver à destination, mais plus tard ces gens m’ont pris mon sac à main."
Les recherches étant en cours, la gendarmerie nationale n’a pas souhaité se prononcer sur l’assassinat ciblé des conducteurs de taxis. Il a été néanmoins recommandé aux chauffeurs d’installer désormais un dispositif GPS dans leur véhicule.
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