Dans le nord-ouest et le sud-ouest du Cameroun, deux régions où vit l'essentiel de la minorité anglophone d'un pays majoritairement francophone dirigé par l'indéboulonnable Paul Biya, 88 ans, l'armée et des groupes séparatistes s'affrontent quasi quotidiennement depuis près de 4 ans.
"Les affrontements sont devenus une réalité quotidienne, réduisant l'accès des populations aux soins et aux installations médicales ainsi qu'à d'autres services essentiels", a écrit l'ONG, décrivant des "souffrances indicibles" pour les populations locales.
"Les communautés qui ont fui les violences se réfugient souvent en brousse, loin de toute structure de santé, et sont vulnérables au paludisme, aux infections ou aux morsures de serpent, dans des lieux souvent inaccessibles aux véhicules d'urgence comme les ambulances, voire même aux motos", a poursuivi MSF.
Les civils sont pris en tenaille et victimes d'exactions de la part des deux camps, selon des ONG internationales et l'ONU. Le conflit a fait plus de 3.500 morts et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile.
"Selon les Nations Unies, près d'un établissement de santé sur cinq ne fonctionne plus dans ces deux régions en raison de la crise", a écrit MSF.
Les personnels de santé font face à des "enlèvements, menaces physiques et verbales", selon l'ONG.
MSF a effectué quelque 4.000 déplacements avec ses ambulances dans le sud-ouest depuis le début de l'année. "Il n'y a aucune autre organisation fournissant un service d'ambulance gratuit dans la région du sud-ouest, encore moins pendant les confinements", a estimé l'ONG.
Les activités de MSF ont été suspendues dans la région du nord-ouest par les autorités camerounaises. En juin, MSF a appelé le gouvernement "à immédiatement lever cette suspension" pour faire face "à l'ampleur des besoins sanitaires de la population".
"Que les patients blessés soient des civils, des membres des forces de sécurité ou des combattants séparatistes, tous sont avant tout des êtres humains et MSF leur prodigue des soins médicaux s’ils en ont besoin, conformément au droit international humanitaire", a rappelé MSF.