Au Cameroun, l'incivisme sur le nouvel autoroute Yaoundé-Douala inquiète les autorités. Sur la bretelle qui conduit vers cette infrastructure routière ou le long de l’itinéraire, des riverains multiplient des comportements à risque.
Au lieu-dit Minkoameyos, dans le 7e arrondissement de Yaoundé, le marché périodique de chaque samedi crée un bouchon énorme. Le marché de Minkoameyos a considérablement réduit la chaussée sur l’unique bretelle qui conduit vers l’autoroute Yaoundé-Douala.
"On ne doit pas laisser ces gens ici, c’est l’autoroute, que la mairie fasse les efforts d’enlever ces gens ici", lâche visiblement irrité, Jean Tabi Essomba, un natif de Minkoameyos. Chaque samedi, il tente de mettre de l’ordre à cet endroit à titre bénévole, afin rendre la circulation fluide pour les véhicules qui empruntent l’autoroute.
"Regardez, cette femme ne doit pas exposer ses marchandises, ça veut dire qu’ici il n’y a aucune planification, la mairie a beaucoup d’espace on peut faire des comptoirs là-bas, il y a déjà eu beaucoup d’accidents ici, les motos ont heurté les enfants et certains sont morts", confie-t-il à VOA.
Les commerçants sont eux-mêmes résignés. "De temps en temps, la mairie nous dit qu’on ne doit pas vendre en bordure de route et nous posons la question de savoir, en tant que natifs, où allons-nous exposer nos marchandises ? Le maire nous a dit qu’il devait nous déporter à plus de 3 km vers l’Irad, mais on n’est pas encore fixés", relate Clément Dzou, un vendeur de poulets.
Marie Essomba est une commerçante du marché de Minkoameyos. Cette sexagénaire vend des vivres frais depuis une vingtaine d’années à cet endroit. "Nous savons que c’est un danger, mas nous sommes déjà habitués, explique-t-elle. Les habitants d’ici veulent un marché proche de leur résidence."
Ailleurs, les riverains se plaignent du fait que l'infrastructure routière a restreint leurs mouvements et espaces de vie. "Cette autoroute a divisé des villages, ce qui fait que nous avons aujourd’hui des difficultés pour aller d’un village à l’autre ou pour aller dans nos plantations parce que les traversées pour piétons n’ont pas été prévues, affirme Jean Pascal Nken Nemb, maire de Bot makak une commune de la région du Centre. En plus les passerelles sont très distantes, ce qui fait que certains habitants doivent parcourir 7 ou 8 km pour aller dans leurs champs."
Conséquence, certains riverains ont pris le risque de créer leurs propres voies de contournement pour rallier l’autoroute.
"Il a fallu informer sur les comportements à avoir pour réduire les risques d’accidents, il y a déjà une campagne d’information et de prévention qui est menée par les équipes de la gendarmerie, détaille Emmanuel Nganou Djoumessi, le ministre des Travaux publics. Nous allons aménager des voies de contournements, l’autoroute ne pouvant pas être empruntée n’importe comment, pour que les populations riveraines retrouvent une possibilité de mobilité."
Le principal syndicat de fret par camions a lui aussi prévu de sensibiliser les camionneurs qui vont emprunter cette autoroute.
"A certains points importants à l’instar de la localité de Boumyebel, on va procéder à la formation à l’information aux recyclage même Nous allons nous doter des simulateurs qui vont nous permettre de mieux cerner les contours quant à l’utilisation des autoroutes, nous aurions plus besoin des gendarmes qui vont venir nous dire ce qu’il faut faire, il faudrait que nous-mêmes nous puissions nous imprégner des réalités et nous avancions dans le même sens", soutient El Hadj Oumarou, président du bureau de gestion de fret terrestre.
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