L'armée avait annoncé mardi "aux populations de la ville de Bamenda et ses environs (...) que les forces de défense et de sécurité ont engagé une opération spéciale de sécurisation de la ville", baptisée "Bamenda Clean".
Alors qu'un violent conflit entre l'armée et des séparatistes secoue depuis 2017 le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, les deux régions à majorité anglophone du Cameroun, c'est la première fois que le gouvernement annonce une telle opération à Bamenda.
"Les marchés et les rues sont déserts", a témoigné mercredi un fonctionnaire, qui a réclamé l'anonymat. Si les taxis, moyen de transports privilégiés, avaient déserté le centre-ville, quelques voitures privées et bus circulaient, a-t-il ajouté.
Plus loin du centre administratif, un habitant affirmait n'avoir pas "pu quitter la maison de toute la matinée car dans (son quartier), même les petits commerces ont fermé leurs portes". "Je n'ai vu personne aller aux champs, au marché ou rejoindre son bureau", a-t-il précisé.
Un autre habitant a ajouté avoir assisté à une descente de l'armée.
Le maire de la ville de Bamenda et le préfet du département dont elle est le chef-lieu avaient pris samedi des décisions de restriction de la circulation des motos-taxis, interdites dans le centre-ville.
Une rumeur reprise par des médias locaux a indiqué qu'en réaction, des forces séparatistes avaient intimé aux habitants de Bamenda de ne pas circuler, même en automobile.
Aucune branche du mouvement indépendantiste n'a ouvertement revendiqué cet appel à la ville morte.
Nicodemus Amungwa, avocat et porte-parole de la défense du leader sécessionniste emprisonné à Yaoundé Julius Ayuk Tabe, a déclaré à l"AFP que son client "n'a donné aucun ordre de faire observer un mot d'ordre de ville morte ou de circulation restreinte".
L'armée avait expliqué dans son communiqué la veille que l'opération était "la réponse aux diverses attaques perpétrées par les terroristes telles que les vols et pillages, les braquages des banques et magasins, les assassinats des civils et des personnels des forces de défense".
Les autorités avaient attribué vendredi à des "terroristes sécessionnistes" le meurtre d'un inspecteur de police, abattu alors qu'il patrouillait dans les rues de la ville le 1er septembre.