Médecins, avocats et défenseurs des droits dénoncent de longue date les conditions de vie dans ces camps de rétention, disant que certains migrants y subissent des abus sexuels ou souffrent de problèmes mentaux.
L'Australie essuie régulièrement les foudres d'organisations de défense des droits de l'Homme pour sa politique très dure envers les demandeurs d'asile.
Sa marine repousse systématiquement les bateaux de clandestins. Ceux qui parviennent à gagner ses côtes sont placés dans des camps de rétention au large, à Manus, en Papouasie Nouvelle-Guinée et à Nauru, minuscule îlot du Pacifique, ou sur l'île Christmas, dans l'océan Indien, le temps que leur demande d'asile soit instruite.
Même si cette demande est jugée légitime, Canberra ne les autorise pas à s'installer en Australie.
En 2015, le gouvernement conservateur a fait adopter des dispositions sur le secret professionnel qui s'appliquent à tous ceux qui travaillent pour le ministère de l'Immigration --les gardes mais aussi les personnels médicaux et les travailleurs humanitaires.
Ils n'ont pas le droit de divulguer les informations collectées pendant leur travail.
"Quiconque évoque les conditions, quelles qu'elles soient, qui prévalent dans ces centres risque jusqu'à deux ans de prison", a expliqué Barri Phatarfod de Doctors for Refugees, à l'origine du recours devant la haute cour, la plus haute instance judiciaire australienne.
L'association argue que la loi viole la liberté des communications politiques et est donc anticonstitutionnelle.
La déontologie médicale impose aux médecins de signaler les abus commis contre leurs patients en Australie, a fait valoir Mme Phatarfod. Mais ils seraient punis s'ils faisaient la même chose dans les camps, a-t-elle ajouté.
Cette législation avait poussé le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'Homme et des migrants, François Crépeau, à reporter une visite en Australie en 2015.
Le gouvernement australien justifie la législation par le caractère "sensible" du fonctionnement opérationnel de ces centres et dit qu'elle n'empêche pas ceux qui sont inquiets de parler de leurs préoccupations.
De manière générale, Canberra affirme que sa politique migratoire permet de sauver des vies en dissuadant les candidats à l'immigration d'entreprendre un périlleux voyage.
Des migrants ont organisé des manifestations dans les centres en question pour dénoncer les mauvais traitements dont ils seraient victimes.
En mai, une Somalienne de 21 ans s'était immolée par le feu à Nauru, quelques jours après le décès d'un Iranien qui s'était lui aussi immolé.
Avec AFP