Il y a près d'un an, l'homme à la chemise blanche a été engagé par la Fédération marocaine (FRMF) pour redorer le blason des "Lions de l'Atlas", qui n'ont plus disputé de Coupe de monde depuis 1998, et n'ont pas dépassé le premier tour de la CAN depuis 2004 (le Maroc avait alors perdu en finale face à la Tunisie).
"Depuis 2004, il n'y a pas eu de résultats très probants pour cette équipe du Maroc, et il faut que cette année soit le celle du renouveau du football marocain", a affirmé le Français.
S'il a remplacé le Marocain Badou Zaki, c'est parce que le natif d'Aix-les-Bains est un monument du football africain: son sacre en 2015 à la tête de la Côte d'Ivoire avait fait de lui le premier entraîneur à remporter la CAN avec deux sélections différentes.
Trois ans plus tôt au Gabon, l'effet de surprise avait joué à plein avec la Zambie. Il avait parfaitement su utiliser le souvenir douloureux du crash aérien de 1993 ayant décimé les Chipolopolos à Libreville pour faire d'une formation de second rang une machine indestructible et lui offrir la première CAN de son histoire.
Car cet obscur défenseur passé par Cannes, Vallauris et Draguignan, est avant tout un meneur d'hommes. Un art qu'il a d'abord pratiqué à Draguignan avant de se placer sous l'aile de son compatriote Claude Le Roy. La Chine (Shanghai) et l'Angleterre (Cambridge) lui ont servi de marchepied avant de s'enraciner en Afrique à partir de 2007 (Ghana, Zambie, Angola, USM Alger, Côte d'Ivoire, Maroc).
Mèche au vent et pectoraux
Depuis, la CAN est devenue son terrain de jeu favori, et sa mèche de beau gosse, sa chemise blanche sur ses pectoraux et son sourire carnassier sont indissociables de cette compétition.
"Il est clair que sa présence à la tête de l'équipe marocaine est un plus dans la CAN, surtout par rapport aux adversaires qu'il connaît bien et à qui il fait peur", commente pour l'AFP Reda Allali, journaliste et célèbre chroniqueur marocain.
Mais le pari avec le Maroc est loin d'être gagné. Le stage de préparation aux Emirats arabes unis du onze du royaume a été écorné par l'annulation d'un match amical prévu le 6 janvier avec l'Iran, perturbant le planning de préparation du Maroc.
A cela s'ajoutent les forfaits de deux joueurs majeurs de cette équipe, Younès Belhanda (26 ans, Nice), victime d'une fracture à un orteil juste avant la trêve, et Oussama Tannane (22 ans, Saint-Etienne), qui souffre lui d'une pubalgie.
Deux coups durs pour Renard et les "Lions de l'Atlas", tombés dans l'un des deux "groupes de la mort" de la compétition avec la Côte d'Ivoire, tenante du titre, la RD Congo et le Togo.
Hervé Renard semble conscient du fait que la FRMF, qui a changé de sélectionneur une dizaine de fois en autant d'années, ne lui fera pas de cadeau en cas de résultat insatisfaisants. "Si jamais il y avait une erreur de parcours ou un objectif sportif pas atteint, je pense que ça sera à moi d'en assumer la responsabilité", a-t-il déjà expliqué.
Les détracteurs de cet ancien patron d'une entreprise de nettoyage qui s'est mué en globe-trotter du football avancent qu'il n'a jamais fait ses preuves en tant qu'entraîneur en club, notamment au sein d'une Ligue 1 qui a longtemps constitué son fantasme.
Son expérience avortée à Sochaux, qu'il n'est pas parvenu à sauver de la relégation en 2014, lui a laissé un goût d'inachevé. Et même au sommet de son art, juste après la CAN remportée avec la Côte d'Ivoire, il a été limogé par le club de Lille pour mauvais résultats, six mois après avoir été recruté.
S'il arrive à emmener les "Lions de l'Atlas" sur le toit de l'Afrique, Hervé Renard entrera dans la légende du foot marocain, et un peu plus encore dans l'histoire du foot africain. Et tant pis pour la Ligue 1.
Avec AFP